Les rapports à charge des ONG de défense des droits humains et des partenaires au développement continuent de pleuvoir sur le pouvoir de Conakry avec une fréquence accrue. Ces rapports ayant en commun leur causticité, renvoient ainsi dans les cordes, un régime rattrapé par sa part d’ombre.
Ce jeudi Amnesty International s’est fendu d’un rapport corrosif contre les violations des droits humains en Guinée. Où des opposants politiques continuent de croupir en prison dans des conditions qui laisseraient à désirer.
L’institution de défense des droits humains n’a fait que remettre une louche à ses sorties précédentes contre le régime de Conakry, qu’elle ne semble pas voir en peinture.
L’ONG a tenu à mentionner en effet, que « la récente libération de prisonniers ne doit pas faire oublier le maintien en détention de près de 60 autres depuis la période électorale. »
Pour elle, il n’y a donc pas de quoi pavoiser. Ce même jeudi, comme si notre pays était victime de la fameuse loi des séries, un autre rabat-joie viendra troubler le sommeil du pouvoir de Conakry. Il s’agit de l’Union Européenne, cette gardienne sourcilleuse des droits humains. Une institution qui n’hésite plus à jeter du poil à gratter dans le dos de nos autorités. En guise de piqûre de rappel à un régime, qui a du mal à honorer ses engagements en termes de respect des droits humains.
Dans ce rapport de l’UE dont nos confrères deAfricaguineeont pu éplucher les bonnes feuilles, l’Europe des 27 ne va pas de main morte dans ses critiques contre les effets pervers du troisième mandat.
Le rapport note avec force détail, un net recul de notre pays en matière de droits humains et de libertés individuelles et civiles. Comme si la Guinée était tombée de Charybde en Scylla. En cette année noire de 2020, qui fut marquée par des élections controversées et leur lot de violences meurtrières. Ainsi que par la pandémie de COVID19. Le tout couronné par une détérioration de la situation des droits humains, de la démocratie et de l’État de droit.
L’UE déplore surtout l’impunité dont jouiraient les hommes en uniforme, dont le rôle dans les tueries n’a jamais été élucidé par le gouvernement.
Les déboires du principal opposant au régime, Cellou Dalein Diallo y sont également mentionnés noir sur blanc. Avec en sus la volonté du gouvernement de le rayer définitivement du jeu politique. J’en passe et des meilleurs.
Un proverbe ne dit-il pas qu’il n’y a jamais deux sans trois. Eh bien cela n’a jamais été aussi vrai que pour ces tirs groupés contre les turpitudes de l’exécutif.
D’autant que les deux rapports cités plus haut avaient été précédés par celui du département d’Etat américain. Rapport qui maintient notre pays sur la liste de surveillance de niveau 2, pour le peu d’efforts consentis dans la lutte contre la traite des personnes. Qui dit traite des personnes, dit travail des enfants, violences et trafic sexuel entre autres.
Ce rapport a surtout recommandé que le Bureau pour la protection du genre, de l’enfant et des mœurs (OPROGEM), l’unité de police chargée des enquêtes sur la traite, soit renforcé et doté de moyens suffisants.
Des recommandations qui semblent prises très au sérieux par le palais. Le président ayant profité du conseil des ministres de ce jeudi pour aiguillonner Hadja Aïssata Daffé, ministre de l’Action sociale a dressé un état des lieux de la violence contre les enfants.
Voici ce qu’on attend d’un gouvernement responsable, au lieu de grimper aux rideaux contre les coups de boutoir de nos partenaires. Car comme aime le dire Alpha Condé lui-même, « on ne peut cacher le soleil avec une main ».
Mamadou Dian Baldé