Au Mali, le journaliste Abdoul Niang a été arrêté jeudi 5 août et placé sous mandat de dépôt dans le cadre de l’enquête portant sur la disparition d’un autre journaliste malien Birama Touré, disparu en 2016. Une affaire dans laquelle le général Moussa Diawara, ancien patron de la Sécurité d’État, les renseignements maliens, a lui-même été inculpé il y a une semaine. Une affaire pour laquelle Karim Keïta, fils de l’ancien président IBK, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Il s’agit de faire la lumière sur la disparition et le possible assassinat du journaliste Birama Touré.
Selon une source judiciaire malienne, le journaliste Abdoul Niang est inculpé pour « association de malfaiteur, complicité d’enlèvements et de séquestration », indique notre correspondant à Bamako, Serge Daniel. Arrêté après une sortie sur un média local, il serait selon une autre source judiciaire, également accusé de subordination de témoins. Selon plusieurs sources liées au dossier, cette arrestation ferait notamment suite à des propos tenus par le journaliste sur un plateau de télévision, et qui remettraient en cause des témoignages communiqués au juge d’instruction, rapporte David Baché du service Afrique.
« Nous condamnons cette arrestation, déclare Ahmadou Diarra, directeur d’Emergence FM et M7 TV, employeurs d’Abdoul Niang. Il [Niang] est présentement à la maison d’arrêt de Bamako. Il est accusé d’association de malfaiteurs. Il faudrait d’abord qu’on sache pourquoi il a été arrêté ; si à cause des propos qu’il a tenus sur Ouverture Média ou véritablement pour association de malfaiteurs. Dans tous les cas, Abdoul Niang ne cherche pas à fuir la justice. Il peut répondre chaque fois que la justice aura besoin de lui. Donc, il n’y pas lieu de le mettre en prison. La mesure est trop forte ».
La prudence est la même, mais le sentiment tout autre du côté de Maître Eric Moutet, avocat de la famille de Birama Touré, le journaliste disparu en 2016, et de son ancien directeur au journal Le Sphinx. « Je n’ai pas d’informations exactes sur la mise en cause de Niang. Mais cette personne [Niang] a fait un certain nombre de sorties dans les médias, mettant en cause des personnes dont Adama Dramé, le directeur de publication du Sphynx, pour remettre en cause la position qui est la sienne. Il semblerait qu’il y ait des tentations de manipulation de l’opinion publique dans ce dossier qui consolide la conviction qu’on a de son caractère sensible. En tout cas, ce dont on pourrait se réjouir, c’est la manière dont cette instruction est en train d’être menée. »
Sécurité renforcée
Une chose est sûre : l’enquête, qui végétait depuis plus de cinq ans, connaît ces dernières semaines une accélération notable. D’ailleurs, la justice malienne s’apprête à écouter plusieurs autres personnes. Parmi elles, de hauts gradés de l’armée dont certains ont servi dans les rangs des Services de Renseignements du Mali. Il s’agira notamment pour les enquêteurs de recouper « de précieuses informations recueillies auprès de sources sensibles ».
https://youtu.be/x0nAITjuKN0
L’une de ces sources aurait récemment échappé à une tentative d’assassinat alors qu’il sortait du cabinet du juge d’instruction après une longue déposition. Désormais, la sécurité est renforcée autour de certains témoins tout comme autour de deux pièces maitresses de l’enquête : le procureur du tribunal de la Commune 4 de Bamako Idrissa Hamidou Touré, et le doyen des juges d’instructions de ce même tribunal.
RFI.