Ce coup de force manqué aurait été mené par des partisans de l’ancien président Omar el-Béchir, selon le pouvoir soudanais, ce mardi 21 septembre 2021. Khartoum affirme aussi que la situation est sous contrôle et avoir procédé à des arrestations.
Avec notre correspondante régionale à Nairobi, Florence Morice
L’information a d’abord été rapportée par la télévision d’État avec ce message accompagné de clips de chants patriotiques et diffusés en boucle : « Il y a eu une tentative de coup d’État manquée, le peuple doit y faire face. » Dans la foulée, Mohamed al-Faki Suleiman, le porte-parole du Conseil de souveraineté, l’organe qui dirige la transition, a diffusé un communiqué rassurant : « Tout est sous contrôle et la révolution est victorieuse. »
Selon un membre de ce Conseil, les putschistes – des unités blindées de l’armée soudanaises – ont tenté, mardi matin, de prendre le contrôle de plusieurs ponts reliant Khartoum et Omdurman, dans le but de s’emparer de locaux des médias d’État. Cet axe entre la capitale et sa ville jumelle, située sur l’autre rive du Nil, est réputé pour être stratégique. En fin de matinée, l’accès au pont restait bloqué.
La dernière de ces unités blindées se serait rendue en fin de matinée. Khartoum accuse donc des proches de l’ex-président Omar el-Béchir d’être derrière cette tentative et annonce des arrestations d’« officiers », mais aussi de « civils », selon le ministre de l’Information, Hamza Baloul. « Les chefs du complot manqué » ont été arrêté, assure-t-il.
La présidence du Conseil des ministres soudanais explique avoir eu l’information sur cette tentative de putsch dès lundi, ce qui lui aurait permis de la déjouer. Une réunion des forces de sécurité est actuellement en cours à Khartoum. Les autorités soudanaises ont déjà déploré plusieurs tentatives de renversement depuis la révolution, toutes attribuées à des partisans de l’ancien régime.
On sait qu’il y a quand même tout une frange de loyalistes au régime d’Omar el-Béchir qui est toujours là et qui tire les ficelles de manière plus ou moins cachée.
Jérôme Tubiana, chercheur et spécialiste du Soudan
Dans une allocution télévisée, le Premier ministre, Abdalla Hamdok, a déclaré que le complot avait été fomenté par des personnes appartenant pour certaines d’entre elles à l’état-major de l’armée, ce qui avait permis de procéder à des arrestations. Il a assuré que cette tentative de putsch n’entraverait pas la transition vers la démocratie au Soudan.
Ce mardi soir le secrétaire général des Nations unies condamne cette tentative de coup d’État. Antonio Guterres a mis en garde contre tout ce qui saperait « la transition politique ». Il appelle toutes les parties à défendre « la mise en œuvre des aspirations du peuple soudanais en faveur d’un avenir démocratique, stable, pacifique et inclusif ».
rfi.fr