Avec la publication tant attendue de la charte et la prestation de serment du colonel-président Mamadi Doumbouya, la transition entre dans un tunnel dont il ne ressortirait de sitôt.
On a longtemps attendu ladite charte. Ils l’ont fignolée et accouchée au forceps, ce lundi soir, tard dans la nuit. Et le document de treize pages servi pour la dégustation est jugé globalement digeste par la classe politique.
Ces principaux acteurs de cette période d’exception, soucieux de ne pas fâcher les nouveaux maitres du pays en vue d’un contrôle de la transition, ce sont encore engouffrés dans une appréciation imprudente et sans réserve.
Ils n’en ont eu cure d’une toute autre appréciation faite dans les médias, plutôt de la caricature du document par des spécialistes connus et improvisés dans le débat juridique.
Cependant, le sentiment de satisfaction largement partagé dans l’opinion n’est pas la garantie d’avoir un document insusceptible de reproches. Force est de reconnaitre, il y en a là-dedans, des insuffisances et quelques incohérences révélatrices du très peu de concentration de la part de ceux qui l’ont griffonné .
Par ailleurs, la durée de la transition qui n’est toujours pas connue préoccupe certains acteurs hantés par un gout particulièrement prononcé pour le pouvoir des africains qui s’obstinent, à cet effet à violer leur serment et leurs engagements pris devant le peuple. L’exemple est encore vivace dans les esprits en Guinée.
Cela justifie le scepticisme des observateurs, malgré la bonne foi des militaires qui s’interdisent dans l’article 46 de la charte, cette tentation d’accaparement.
« Le Président et les membres du CNRD ne peuvent faire acte de candidature ni aux élections nationales ni aux élections locales qui seront organisées pour marquer la fin de la transition. La présente disposition n’est susceptible d’aucune révision » est ainsi intitulé ce verrou.
Avec une junte qui s’enracine et qui conforte bien son pouvoir en prenant des initiatives bien accueillies dans l’opinion dont certaines sont teintées à juste raison de populisme , il faut pour les forces vives, une synergie d’action. Cela n’est possible que dans une entente qui s’avère aujourd’hui difficile, à la limite impossible avec des acteurs qui agissent, chacun pour sa chapelle.
En réalité, le véritable débat devrait être plutôt celui concernant l’élaboration au plus vite d’un chronogramme des activités prévues dans la transition.
La durée qui est sur toutes les lèvres, est tributaire de cet agenda. A défaut, ce sera une transition trop allongée ou précitée, selon différentes chapelles, mais toutes seront d’une trop grande conséquence.
Mognouma Cissé