Six candidats sont en lice pour le scrutin présidentiel en de ce samedi 4 décembre. Parmi eux, le président sortant Adama Barrow et Ouseinou Darboe, opposant « historique » de l’ancien homme fort du pays, Yahya Jammeh. Parmi les enjeux : les victimes de l’ancien régime, qui a duré 22 ans. À Banjul, le seul lieu qui leur est dédié a ouvert tout récemment en octobre dernier : « Memory House », la Maison de la mémoire.
Avec notre envoyée spéciale à Banjul, Charlotte Idrac
C’est une maison ocre, où l’on remonte le temps autour de portraits de victimes et de leurs familles. Des parcours individuels racontés par la guide Sawyatou Bangura. Au centre de la pièce principale, des objets ayant appartenu aux femmes et hommes disparus, une pièce d’identité, une ceinture, une cravate ou encore un chapeau…
« Cela appartenait à Siaka Fatajo. Il est considéré comme la dernière victime des violations des droits de l’homme du régime précédent. Car quand Yahya Jammeh est parti en exil en janvier 2017, il a disparu et personne ne l’a revu depuis. »
La « Memory House » (Maison de la mémoire) est une initiative de l’ONG Aneked, le Réseau africain contre les exécutions extra-judiciaires et les disparitions forcées.
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« Il s’agit essentiellement de se souvenir, et d’éduquer les jeunes générations, explique Lisa Camara, responsable plaidoyer et droits humains. La plupart des jeunes n’ont connu que l’ère Jammeh. Si l’on oublie ce qui s’est passé durant 22 ans, ce sera difficile d’éviter que cela se reproduise dans le pays. »
Un procès « possible avec des efforts collectifs »
Cinq ans après la défaite électorale de Yahya Jammeh et son départ en Guinée équatoriale, un procès pourrait-il être organisé un jour ? Lisa Camara y croit : « Oui, absolument, c’est possible, avec des efforts collectifs. Et c’est pour cela que nous avons constitué des dossiers comme dans l’affaire du massacre de plus de cinquante migrants en 2005. »
Invités pour l’inauguration de la Memory House au mois d’octobre, aucun représentant du gouvernement n’avait répondu présent.
Selon la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations, entre 240 et 250 personnes sont mortes du fait de l’État et de ses agents entre juillet 1994 et janvier 2017. Le rapport de la commission a été présenté au président sortant la semaine dernière. Adamo Barrow a en principe six mois pour décider des suites.
rfi.fr