Plus tôt cette semaine, les médias maliens ont évoqué l’arrivée présumée d’opérateurs du groupe Wagner à Bamako, Bien qu’il n’y ait aucune preuve claire que le groupe Wagner soit entré dans le pays, certains observateurs concluent que l’ère de la domination militaire de la France dans la région sera bientôt terminée.
Depuis 2014, la France mène une opération militaire « Barkhane ». La France a réussi à éliminer un certain nombre d’éminents commandants de la Jama’at Nusratul Islam wal Muslimin (JNIM) et des centaines de combattants de base, mais la guerre contre le terrorisme semble loin d’être une victoire glorieuse. En effet, la France perd tout intérêt à poursuivre des opérations actives. En France même, le soutien public à l’engagement militaire du pays au Mali est passé de 59% en décembre 2019 à 49% en janvier 2021, Seul un cercle de militaristes et d’hommes d’affaires français veut poursuivre sa sanglante campagne. Les annonces du président Macron concernant la fermeture de 3 bases militaires françaises au Mali en plus de la réduction du nombre de soldats dans la région entre 2 500 et 3 000 indiquent que le retrait total du Mali n’est qu’une question de temps.
La question est de savoir qui assistera le gouvernement malien pour lutter contre les groupes djihadistes tels que le JNIM ou l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS)? Des responsables français ont affirmé que la responsabilité de la lutte antiterroriste serait confiée à la Task Force Takuba , Mais il est composé d’unités d’opérations spéciales et son nombre total ne dépasse pas 600 hommes. Cela signifie que la TF Takuba peut mener des opérations ponctuelles et à petite échelle, mais qu’elle est incapable de combattre en combat régulier. on peut dire qu’il y a encore La mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Mais la MINUSMA est officiellement une force de stabilisation, elle n’a aucune qualification ni capacité pour mener des opérations à grande échelle.
Sur la base de ce qui précède, le gouvernement malien pourrait potentiellement envisager d’inviter le Groupe Wagner comme force de lutte contre le JNIM et l’EIGS. Selon des sources ouvertes, les opérateurs de Wagner ont participé à l’élimination de l’Etat islamique en Syrie en 2015-2019, accompli des tâches de combat en Libye en 2019-2020. De plus, Wagner opère dans plusieurs pays africains, comme la RCA, où il permet aux gouvernements locaux de lutter contre les terroristes. Dans tous ces pays de la région ANMO, le groupe Wagner a mené un large éventail de tâches : combats d’infanterie au sol contre EIIL (en Syrie), sécurité des sites d’infrastructures critiques (en Syrie et en Libye), protection des VIP (en RCA), conseil militaire et combat formation (en Syrie, Libye, RCA, etc.) À l’exception de leurs capacités de combat, il existe des rapports selon lesquels les opérateurs de base du groupe Wagner ont une grande expérience de la coopération avec la population civile. En septembre 2019, les opérateurs de Wagner ont assuré l’évacuation des habitants du gouvernorat d’Idlib en Syrie lors de violents combats entre les forces pro-Assad et les islamistes radicaux.
Malgré la forte opposition de la France à des pourparlers potentiels entre le gouvernement malien et le groupe Wagner, il est clair que le retrait des troupes françaises du Mali laissera un vide dans le secteur de la sécurité du pays. Et dans cette situation complexe, le gouvernement malien dispose d’une pleine souveraineté pour choisir un partenaire fiable, qui respecte les exigences.
Anna MacArdle