Nul besoin de le rappeler, depuis le 5 septembre 2021 notre pays traverse un tournant décisif lié à son processus de démocratisation et son élan de construction d’une nation unie et forte. Mais ce pari ne saurait être gagné que par des hommes et des femmes de valeurs et de convictions placées au-dessus des intérêts personnels.
En effet, ce vaste programme de récupération des domaines de l’État déclenché depuis près d’un mois par les nouvelles autorités a fait l’objet de plusieurs commentaires. Pour les uns, les services en charge de ces opérations ont manqué de lucidité dans leurs démarches. Et, pour les autres, ce programme à moraliser la vie publique de notre pays. Qu’il soit l’un ou l’autre, ce qui doit demeurer au centre des préoccupations des gouvernants et des gouvernés, c’est la préservation de la paix et la quiétude sociale.
Récemment, les acteurs politiques non les moindres qui ont occupé de très hautes fonctions au sein de l’appareil étatique ont reçu des instructions pour libérer leurs domiciles avant la date du 28 février 2022. Pour cause, ces domaines seraient inscrits dans le patrimoine de l’État. Ainsi, les principales mises en cause sont respectivement M. Sydia Touré (président de l’Union des Forces Républicaines) et M. Cellou Dalein Diallo (président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée). A date, aucun des deux hommes politiques n’a pour l’instant libéré les lieux. Pouvons-nous parler de défiance vis-à-vis de la puissance publique ? Ou le baptême de feu d’un premier rapport de force entre le CNRD à sa tête le Cl. Mamadi Doumbouya et la classe politique guinéenne ?
Ici, nous ne pouvons pas nous permettre de faire une conclusion hâtive quant à l’issue de cet imbroglio politico-juridique. Mais ce qui reste à souligner de part et d’autre, c’est la grandeur d’esprit de chaque acteur concerné.
D’abord à M. Mamdi Doumbouya, j’ai rappelé dans un de mes précédents articles que durant tout le long de cette transition, il y aura des rapports entre lui et les acteurs sociopolitiques du pays. Cela étant, je lui ai demandé d’épouser les vertus du dialogue. Car ce peuple en a suffisamment subit les conséquences désastreuses de l’arrogance des hommes et femmes investis du pouvoir public ; plusieurs familles en ont été endeuillées.
De ce fait, en découdre demain avec les acteurs politiques concernés serait une grosse erreur de la part du CNRD ; bref, un véritable faux pas. Certes, je n’occulte pas le droit que dispose l’État à récupérer les biens qui lui reviennent, loin s’en faut. Mais il faudrait y mettre de la forme dans la démarche en y procédant dans le strict respect des droits des uns et des autres.
En suite, aux sieurs Sydia Touré et Cellou Dalein Diallo, l’heure n’est plus de compter le nombre de morts, de blessés ou de dégâts matériels aussi bien parmi les militants que parmi les forces de l’ordre et de sécurité à cause d’un contentieux qui pourrait être résolu par la justice. En s’entêtent sans libérer les lieux avant la date butoir serait une preuve suffisante de la défiance vis-à-vis de l’État. Ils ont tout à fait le droit d’ester en justice avec les pièces justificatives qui attestent qu’ils sont effectivement les détenteurs des titres fonciers des domaines mises en cause.
Toutefois, connaissant leur esprit de paix et de grandeur, leurs soucis à faire de ce pays un havre de paix et leurs ambitions à diriger les destinées des guinéens et guinéennes, j’ose espérer qu’ils mesureront succinctement les décisions qu’ils prendront dans les prochaines heures.
Enfin, aux militants et sympathisants des deux formations politiques, le combat du moment est de faire en sorte que nous préservions la stabilité sociale. Que l’on ne connaisse plus un autre 28 dans notre pays. Car ce présent problème n’oppose que deux particuliers et l’État. Alors qu’ils le résolvent sans nous y mêler sinon nous serions encore ceux et celles qui en paierons les lourdes conséquences.
Aly Souleymane Camara
Analyse politique et consultant média