Plus les mois passent, plus la transition s’engouffre dans une espèce de catachrèse.
Les militaires au pouvoir ne se fixent désormais aucune limite. Tous les obstacles qui se dresseront sur leur chemin et qui auront la prétention de faire échec à leur agenda qui reste une énigme pour l’opinion, seront combattus et déclarés ennemis de l’idéal de refondation de l’État, plus que jamais galvaudé.
Le Président de l’UFDG, El Hadj Cellou Dalein Diallo s’en souviendra encore pour longtemps. Lui, qui a vu démolir, non sans émotion et indignation, son ancienne résidence dont il reste très attaché et qu’il espérait d’ailleurs retrouver après la procédure en cours à la cour suprême. Peut-être que c’est le prix à payer après son boycott des assises chères au colonel Président.
Difficile alors, dans ces conditions, de donner une chance de réussite à ces consultations qui se priveraient ainsi de la participation de toute la cohorte de soutiens d’un leader assez représentatif dans le pays.
Car, il apparait très évident que, pour réussir l’idéal de réconciliation, il faut créer les conditions de justice et de sérénité et non les conditions de confrontation stérile.
A cette allure, on peut bien craindre l’enlisement de la situation.
Les discours se radicalisent. Les politiques ont déjà ravalé les compliments qu’ils ont faits au pouvoir militaire, le lendemain du coup d’État du 05 septembre.
La CEDEAO pour sa part, sans doute, devant l’impasse, élève le ton.
Lors de la conférence des chefs d’Etat, tenue en fin de semaine dernière au Ghana, l’institution sous-régionale intimera à la junte Guinéenne, d’élaborer, d’ici fin avril, un chronogramme de la transition, à défaut de s’exposer à des sanctions.
Conakry réplique et fait appel à son instinct de nationalisme et de pur chauvinisme. C’est une rhétorique inspirée des précédents régimes qui ont eu maille à partie avec la communauté internationale.
Le discours, il est connu de tous. C’est de dire qu’on n’a pas d’ordre à recevoir de l’extérieur. Paradoxalement, On a, par contre, besoin de l’aide de celle-ci, pour financer des projets dans le pays et amenuiser le gap budgétaire.
L’institution ainsi défiée et dont les atouts se sont révélés de peu de poids face aux problèmes majeurs liés au tripatouillage de la constitution dans ses pays membres, ne devrait pas aller d’une main morte pour imposer son dictat.
Sa réaction devrait effacer dans la mémoire des peuples, la scoumoune de sa complaisance avec les pouvoirs qui s’éternisent en manipulant la constitution de leurs pays.
La junte sait bien que faire valoir ce sentiment nationaliste, a un prix à payer. Reste à savoir sa capacité de résilience dans un contexte de crise mondiale.
Contrairement au Mali et au Burkina Faso où les autorités de ces pays, malgré la conjoncture difficile, sont fortes du soutien de leurs populations, ce, à cause de la crise sécuritaire, celles de la Guinée, par contre, n’ont pas cet avantage indispensable à leur résilience, à cause de la crise de confiance que la junte, a avec des acteurs clés de la transition.
Ajouter à cela, les sanctions de la CEDEAO, on peut se faire des mourrons.
Peut-être que les réactions à l’emporte-pièce du porte-parole du gouvernement contre les recommandations faites par la CEDEAO, sont un bluff de mauvais aloi. Espérons-le !
Mognouma