C’est vrai, nous fustigeons à longueur de journée le comportement peu orthodoxe de nos politiques. Nous regrettons souvent les actes qu’ils posent ; nous critiquons leurs faits et gestes à tous les niveaux, d’ailleurs, nous estimons à tort ou à raison qu’ils ne sont pas à leur place, que c’est peut-être nous qui devrions être là.
En effet, c’est trop facile de pointer le doigt accusateur sur les autres. Mais en vérité, quid de notre part de responsabilité dans ce qui nous arrive ?
Lorsque je parle de « NOUS. Je fais allusion à « l’élite de notre pays. C’est-à-dire ceux et celles qui ont plus ou moins approfondi les études ; ceux et celles qui ont une certaine intégrité irréprochable, une probité morale et un sens élevé de patriotisme mais qui, pour une raison ou une autre, ont laissé l’échiquier politique aux personnes peu catholiques et moins compétentes.
Or, si la politique est à priori fondée sur l’amélioration des conditions de vie et d’existence des peuples, il va sans dire que c’est de là tout se décide : l’adoption des lois, l’élaboration des politiques publiques, la création des institutions ; bref, la définition d’un modèle de société inspiré du passé pour mieux envisager les défis du présent et du futur.
Aujourd’hui, si nous nous plaignons des lois qui sont en déphasage avec nos réalités, des institutions qui peinent à bien fonctionner et une société en perte de repères et dépourvue de toute perspective ou alternative crédible, c’est parce nous avions eu auparavant nos seulement des dirigeants moins visionnaires, mais aussi des élites démissionnaires.
Sinon comment comprendre qu’après plus de la moitié d’un siècle d’indépendance que nous soyons toujours à la case de départ : un pas en-avant et deux pas en arrière. Ce train-train quotidien qui est à la fois heureux et désastreux a fait de nous des éternels condamnés de la sentence de Sisyphe.
C’est un secret de polichinelle « au royaume des aveugles, les borgnes sont rois ». Les intellectuels d’une certaine dimension n’osent pas s’engager en politique. Par conséquent, ils sont infantilisés et traînés dans la boue par les médiocres. Il en sera ainsi tant que nous trouverons une ou des excuses de notre désengagement dans la vie politique de notre pays.
Aly Souleymane Camara