Ce mercredi, le FNDC a appelé les populations à manifester. C’est la première après sa cessation d’activité actée par le ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation. Comme on le savait déjà, le front argue n’avoir pas besoin d’agrément pour s’opposer à la junte. Pas besoin de reconnaissance légale pour faire adhérer une bonne frange de la population à ses revendications. Si en dissolvant le FDNC, le gouvernement offrait les arguments juridiques suffisants aux autorités de poursuivre les dirigeants de l’organisation, c’est encore plus que cela dissuaderait les quelques 30% de militants qui confiait en juin qu’ils étaient prompts à sortir selon un sondage de l’Association Guinéenne de Sciences Politiques. Or, puisqu’il ne s’agissait pas du tout d’une marche autorisée et encadrée au cours de laquelle on pouvait dénombrer les marcheurs, la stratégie consiste tant à amoindrir les scènes de confrontation entre jeunes militants et forces de l’ordre.
Dissoudre ainsi le front, quoiqu’on dise, est en soi une forme de reconnaissance de la capacité de nuisance du FDNC qui bénéficie du soutien des partis politiques les plus importants et confère également aux activistes le statut d’opposition.
Après la manifestation du 28 Juillet, le FNDC s’est fait imposer du fait donc de l’interdiction de la marche et le déploiement sécuritaire dans les zones où il mobilise beaucoup, plutôt une ville morte qu’une manifestation qui mettrait aux prises forces de l’ordre et jeunes dans les quartiers de la banlieue de Conakry. Plus précisément sur l’axe.
Se résoudre à appeler à une ville morte quoique cela s’impose désormais, exempte le FDNC de la critique qu’ils enverraient des jeunes gens se faire tuer. Ce discours qui ne soit pas nouveau, parce que justement mobilisé sous Alpha Condé pour culpabiliser les entités qui appelaient alors à la manifestation, n’est pas du tout inaudible aujourd’hui auprès de certains. Ce qui ne dénie aucunement la responsabilité première de l’Etat temporellement incarné depuis le 5 septembre par le CNRD et le colonel Mamadi Doumbouya.
D’un point de vue politique, l’enregistrement des morts lors des journées de manifestation affecte le discours de rupture prôné par le CNRD. C’est pourquoi il faut absolument non seulement faire la lumière sur les morts mais surtout en éviter.
Kabinet Fofana