En septembre 2021, le Président de la transition avait promis de moraliser la vie publique en menant une guerre sans merci contre les crimes économiques et financiers.
Cette promesse s’est traduite par la mise en place d’une juridiction spéciale à cet effet. Mais apparemment, dans l’entendement du Colonel Mamadi Doumbouya et de son ministre de la Justice, seuls les civils auraient commis des infractions économiques et financières passibles de poursuites judiciaires. Les militaires quant à eux sont des modèles de transparence et de moralité.
En fait, depuis le début sans fin du feuilleton des différentes injonctions afin de poursuites judiciaires contre les commis de l’Etat, aucun militaire en exercice n’a encore été ni convoqué ni mis en examen devant la Cour de répression des infractions économiques et financières. Ceci est vraiment étonnant pour celui qui sait que le précédent régime était quasiment militaro civil dans la mesure où il a fait même émerger à coût de milliards des unités d’élite dont les forces spéciales qui ont fini par le renverser.
Et mieux, il y a quelques mois, dans un camp militaire à N’zerékoré, l’actuel ministre de la Défense, dénonçait une surfacturation du prix de transport du riz destiné aux militaires et des réseaux d’enrichissement illicite dans le ravitaillement de l’armée. Cela peut-il se faire sans la complicité d’hommes en uniforme exerçant de hautes fonctions administratives ? Et que dire du train de vie de ces haut-gradés qui ont de somptueuses propriétés à Conakry ou ailleurs ?
On comprend bien le souci du » Parrain O+ » de ne pas mécontenter ses compagnons et les éléments influents de la « Grande muette » pour préserver la stabilité de son régime. Mais il doit se garder de créer des guinéens supérieurs à d’autres parce qu’ils portent l’uniforme.
En fin, la justice doit être rassurante quant à son indépendance, son impartialité et sa neutralité. Pas une justice qui a été aux ordres durant des années dont certains aveux ont été même faits par des magistrats sur la place publique lors consultations nationales en septembre 2021.
Alors chaque citoyen doit s’imposer une obligation de vigilance pour éviter la désillusion et le désenchantement. Prétendre engager des poursuites sélectives est un coup d’épée dans l’eau car aucun guinéen réfléchi, aucun État responsable, aucune institution crédible ne saurait prendre au sérieux une telle démarche.
SEKOU KOUNDOUNO RESPONSABLE DES STRATÉGIES ET PLANIFICATION DU FNDC
MEMBRE DU RÉSEAU AFRIKKI NETWORK