Quoique néocolonialiste et paternaliste, le fameux discours de la Baule du 20 juin 1990, de François Mitterand a eu le mérite historique de toucher la conscience des 37 potentats présents, qui trônaient par le biais des partis uniques en Afrique francophone. Même si, selon moults observateurs, il a été motivé par la conséquence directe des révolutions de l’Est et, le déclin du communisme face au rouleau compresseur du libéralisme.
La Guinée n’étant pas en reste jadis, s’engouffrât également dans la brèche, en optant pour le multipartisme intégral et le libéralisme. Mais du libéralisme, il n’en est pas question ici, plutôt du multipartisme .
Ainsi, furent créés en Guinée des partis politiques avec leurs défauts congénitaux, sans qu’on ne puisse prévenir les conséquences qui en découleraient à long terme. Entre autres défauts, leur identification aux communautés et la contorsion volontaire de leur fonctionnement démocratique.
Comme il fallait s’y attendre, l’avènement du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) au pouvoir à Conakry a permis, on ne peut plus clair, de découvrir que le respect des règles démocratiques et la justice dépendent de la position où se trouvent certains partis politiques, par rapport à celui qui exercice le pouvoir.
Selon que le parti ait été au pouvoir ou dans l’opposition, certains partis politiques sont fortement inspiré sous cette transition par leur dénominateur commun, c’est-à-dire les démêlés judiciaires et l’interdiction de manifester dans la rue.
Il n’en fallait pas, pour que le respect des règles démocratiques et surtout, la soif de justice deviennent leur préoccupation majeure.
Claironnant sur tous les toits le déni de justice et dénonçant le recul de la démocratie, parfois allant jusqu’à entrevoir des manœuvres pour une confiscation du pouvoir par la junte. Ces partis politiques ignorent qu’à force de critiquer la junte, ils livrent les mains liées le fonctionnement antidémocratique en leur sein aux détracteurs qui sont aux aguets.
Tenez! Que le CNRD ne soit pas un parti politique et que, les partis politiques soient tous à la marge de la gestion des affaires publiques, révèle davantage leur nature sans fond de teint.
Voilà que, les textes qui régissent le fonctionnement de ces différents partis politiques prévoient l’alternance, mais seule la mort du président fondateur peut la favoriser. Sinon, toute tentative de lui succéder à son vivant devient de facto, une haute trahison qui mérite l’excommunication.
Tant qu’il reste le bailleur du parti, le président du parti peut réduire comme une peau de chagrin la base militante, par ces multiples échecs électoraux et d’autres fautes politiques, il est et demeure inamovible.
Et quelque soit l’engagement, le mérite ou le sacrifice consenti par un cadre ou un militant, il n’a de droit que de l’accompagner. Or, en démocratie cette façon de gérer est aussi, la dictature et de la confiscation du pouvoir.
Mais, la dictature à l’état pur quant à elle, se manifeste dans l’exercice des libertés d’opinion au sein des partis politiques. Il est reconnu de tout guinéen qu’au sein des partis politiques, avoir un avis contraire à celui du président et le dire dans un ton libre est un crime de lèse majesté!
Même s’il se trompe, ment, escroque, arnaque, viole, vole et tue, toute démarcation est préjudiciable. Elle est assimilable à une rébellion qui est passible d’une exclusion. Cela aussi, est plus qu’une privation de liberté d’opinion en démocratie, c’est un abrutissement, à la limite une torture morale.
Et il y a pire encore au sein de certains partis politiques ! C’ est l’interdiction de rendre service à sa patrie imposée aux cadres et militants dont les partis sont dans l’opposition. Ils peuvent posséder l’expérience dont leur patrie a besoin, la formation nécessaire et un carnet d’adresse rempli. Mais, il revient à leur formation politique de décider s’ils doivent faire profiter à leur patrie tous leurs atouts.
Parce que, dorénavant leur parti politique devient leur nationalité à ne pas trahir au risque de commettre l’apostasie. Pourtant en démocratie, c’est également une privation de droit et un manquement au devoir patriotique.
Même si le temps est ce chiffon qui efface les souvenirs, quelques uns de l’histoire récente de la Guinée lui résistent encore. Car, il y un an et quelques mois que, le RPG ARC-EN-CIEL était aux affaires, avec une opposition politique farouche, charriée par l’Union des Forces Démocratiques de Guinée(UFDG).
Sous son règne, et au nom de la paix et du progrès de la Guinée, les manifestations ont été interdites à un moment donné. A l’époque aussi, au nom du respect de l’autorité de l’Etat, tous les contrevenants ont été arrêtés et emprisonnés de ma manière extrajudiciaire. Ceux qui ont eu la chance ont survécu à la prison, par contre, les moins chanceux y ont péri.
Alors que, les cadres et militants de l’UFDG qui ont été des victimes expiatoires, avaient également crié au déni justice, au recul de la démocratie et à la privation des libertés consacrées par la constitution.
Aujourd’hui, en dépit de tout, les deux partis politiques ennemis hier scellent un mariage. Bien que de circonstances, ce mariage aura eu le mérite de dévoiler quand même, la nature égoïste, fourbe, ingrate, mafieuse, dupe et impitoyable du jeu politique en Guinée. Que même le dieu de la mythologie grecque, Prométhée fils de Japet et de Climène, qui était le titan de la prévoyance et du conseil, n’aurait pas été à même de prévenir les guinéens.
Bella Kamano