Comment transformer une capitulation ? Il suffit de réprimer, plutôt que de négocier. C’est le scénario parfait auquel on assiste dans ce bras de fer qui oppose l’association des magistrats au ministre de la justice, Charles Wright.
Pour rappel, depuis plus d’un mois, en réaction, selon eux, à la violation de leur statut, cette loi qui encadre leur fonctionnement, ces magistrats ont décidé de déserter les cours et tribunaux, avec la prétention de bloquer la justice. Objectif, amener leur adversaire juré, le garde des sceaux, à reconsidérer sa position. Mais on est encore loin de cet objectif. Si ce n’est, d’ailleurs, un leurre.
Le moins qu’on puisse dire pour le moment, est que Charles s’en sort plutôt bien. Son chef, l’homme du palais Mohamed 5 a fait son choix, au nom d’une conviction qu’on prête à celui-ci de laisser les ministres entièrement responsables de la gestion de leurs départements. Le soutien du colonel-Président est alors assez perceptible au péril d’une justice qu’il veut pourtant reformée et sortir de ses chantiers battus.
Les ainés et d’autres personnalités du secteur se rendent complices de par leur silence qui ne se justifie en rien, même pas avec le tempérament connu volcanique de leur ministre qui ne se fixe plus de limite. Charles use de tous les moyens déconfits pour parvenir à ses fins dans ce conflit. Des magistrats sont frappés au portemonnaie. Leurs salaires gelés.
Ainsi en a décidé le très bouillant et jusqu’auboutiste Charles, qui est convaincu, de par ce procédé, venir à bout du mammouth qui lui a pourtant évité l’humiliation quand il a été suspendu de ses fonctions de procureur Général, et chassé des locaux de la justice par les services de sécurité qui n’étaient pas insoupçonnés de vouloir profiter de l’occasion pour régler des comptes.
Malgré tout, crier victoire serait par contre prétentieux. Alors, s’il n’a pas encore gagné la guerre, il vient, en revanche, de remporter une bataille qui lui donne un répit.
Déjà, des magistrats auraient fait défection en se désolidarisant du mot d’ordre. Dans certains cours et tribunaux, on apprend que des audiences ont repris. C’est le triomphe de l’usure.
C’est à se demander qui pour arrêter Charles Wright. Pas en tout cas l’association qui ne sait pas émoustiller contre plus fort qu’elle. Pour sa part, aussi, le ministre ne veut pas prendre de la hauteur. Cette image d’un ministre respectueux de la loi, renvoyé de lui, en acceptant, pour la première fois dans l’histoire, étant encore en fonction, de venir répondre devant le tribunal à une citation à comparaitre, cette bonne image qui devrait faire sa réputation, pendant longtemps, est en train d’être sérieusement malmenée. Si elle ne l’a d’ailleurs pas été, au mieux. Au pire, une image de l’homme à jamais écornée à cause du sentiment de trop grande dépendance nourrit par des magistrats qui ne sont non plus exempts de critiques pour des agissements répugnants qui leur collent à la peau.
In djomaMedia