L’habillage démocratique auquel nous assistons à travers les simulacres d’élections a fini par lasser les populations qui ne croient plus aux vertus de la politique et aux bienfaits de l’exercice électoral qui devrait favoriser l’alternance et refléter la volonté populaire.
Ce recul démocratique dans de nombreux pays, sur fond d’emprisonnement ou d’envoi en exil forcé des opposants politiques, de violences, de « tripatouillages » de résultats, est le signe, en réalité, d’une fragilité des pouvoirs en place, prétendus « forts », qui s’adonnent à un « coup d’État électoral permanent », avec une certaine complaisance coupable des institutions africaines et des partenaires internationaux.
Le dernier coup de force des militaires au Tchad, après la mort du Maréchal Président, ainsi privé de son 6èmemandat, est une nouvelle illustration de la faillite institutionnelle du pays ; un scénario qui en rappelle d’autres sur le continent.
Toute atteinte à la Démocratie risque de n’entraîner que … la révolte ! »
La mise en place d’un Conseil Militaire de Transition, dirigé par le fils du Président décédé, en violation totale de la Constitution, le silence assourdissant de certaines institutions et dirigeants africains, le quasi-adoubement de la « junte » par certains pays occidentaux, au mépris de la volonté des populations, pourrait engendrer une nouvelle crise dans ce pays fragile sur plusieurs plans, et notamment sécuritaire. Le discours laudateur du Président Français, lors des funérailles du Maréchal n’apaisera sans doute pas le sentiment « anti Français » exprimé de plus en plus dans les rues Africaines par la jeunesse. Comment imaginer que les citoyens, les partis politiques, les militaires, les religieux, … l’ensemble des forces vives de la Nation, ne puissent dénoncer ce coup d’État ? Cette imposture, à peine relevée par l’Union Africaine, pourtant garante théorique des règles démocratiques est une provocation de plus. Le peuple Tchadien sera en droit de revendiquer sa souveraineté, et le respect de la loi fondamentale, à moins que la dernière constitution remaniée, « votée massivement », n’ait été qu’une duperie.
Les chancelleries étrangères se trouvent dans l’embarras, prises au piège, confondues entre admettre,avec une certaine complaisance, un état de fait ne correspondant à aucune réalité constitutionnelle, ou le dénoncer; ce qui peut apparaître comme une ingérence dans la souveraineté d’un pays, dont le rôle de gardien contre la percée des mouvements rebelles dans la région, permettait toutes les violations des droits humains.
Les évènements du Tchad appellent au « réveil » du peuple, au rapide sursaut des Africains et des institutions africaines pour un renouveau des pratiques politiques et pour la sauvegarde du bien commun, par excellence, que constitue l’exercice démocratique. Le rassemblement des mouvements de jeunesse, des partis politiques, des différents corps sociaux, dans un dialogue honnête, pour reconstruire les bases « d’État-Nation », est nécessaire pour éviter le grand « printemps » africain qui pourrait entraîner un embrasement général d’une bonne partie du continent, avec des populations à bout de patience.
Toute atteinte à la Démocratie risque de n’entraîner que … la révolte ! »
Didier ACOUETEY : Action Citoyenne Africaine
Foulo BASSE : Ancien Directeur Services Université Evry
Mamadou Aliou BARRY : Géopolitologue/ Droits de l’Homme Guinée / Président Centre Analyses Études Stratégiques CAES.