Le CNRD a encore fait parler de lui, la semaine dernière.
A la surprise générale, les geôliers d’Alpha Condé ont annoncé la libération de celui-ci, de leur emprise.
Une liberté qui n’est pas sans condition. Elle est donc assimilable à un assouplissement des conditions de détention de l’homme.
Il est désormais concédé à l’ancien Président l’autorisation de rencontrer des personnes de sa convenance. Il est aussi autorisé à parler de tout. Sauf que lui-même s’impose certaines retenues et se laisse aller à des propos au ton dithyrambique pour le tout puissant CNRD, comme c’était le cas avec des prisonniers à forte présomption politique, sous son règne, dans le but d’avoir, ne serait-ce, qu’une liberté conditionnelle.
Quand Alpha Condé laisse entendre à ses interlocuteurs qu’il n’a rien contre le CNRD, pour ceux qui ont appris sa colère et le dédain qu’il avait pour ces militaires, des mois qui ont suivi son éviction du palais, ça a tout l’air d’une résignation devant des gens qu’il admet ainsi être les maîtres incontestés de sa santé valétudinaire, bref de sa vie.
La décision en soit, si brutale, à juste raison, fait le lit des critiques d’une certaine opinion, qui, à coup sûr, a divorcé d’avec la junte.
C’est aussi un acte autant illisible que la junte elle-même, capable de grandes surprises.
A quelques heures de l’expiration de l’ultimatum de la CEDEAO, qui exige des putschistes Guinéens, la présentation d’un agenda exhaustif de la transition, la coïncidence avec la liberté annoncée pour Alpha Condé, ne peut être innocente.
Cette libération ne peut être dépourvue de stratégie, à défaut d’avoir le chronogramme disponible à temps, visant à dissuader l’institution sous-régionale, à avoir la main moins lourde contre un pouvoir qui se trouve sur les braises d’une éventuelle crise politique inévitable, à l’allure des choses.
Ce n’est pas non plus insoupçonné de stratégie visant à anéantir l’allure belliqueuse de grande défiance de l’ancien parti au pouvoir, qui s’était pourtant réservé de mettre en cause son soutien au tombeur de son champion.
Pour cela, il a fallu l’interpellation et l’incarcération du Président du fameux conseil exécutif provisoire du navire jaune, lequel, des semaines après, vit dans la hantise et la déprime d’autres vagues de mise sous cloche.
Ce n’est pas sûr que sans chronogramme, que la junte échappe à des sanctions de la part de la CEDEAO, décidée à mettre au pas les régimes militaires issus de coups d’Etat et dont les attitudes sont de nature à affaiblir l’organisation dont ils ont tous en partage.
Cependant, par cet acte, la junte réussit ainsi à se débarrasser d’une autre pression à l’interne. Celle venant du RPG et de ses militants, qui étaient désormais prêts à tout, pour obtenir la libération de leur guide, l’éternel Président du parti qui tente de reprendre la place qui lui est réservée de droit.
C’est alors une gomme passée sur le comité exécutif provisoire ainsi que sur l’engagement et la détermination sans concession du parti à défendre le sort de leurs chefs fabriqués.
Ces derniers devraient se battre désormais sans le soutien de cette trompette politique, qui leur était indispensable pour se tirer des griffes d’un CNRD sans limite et de moins en moins rassurant. Car, ils sont paradoxalement aux trousses de tout le monde avec la folle prétention de tout régler.
Mognouma Cissé