En cette période charnière de la vie de notre patrimoine commun où tous les fils et filles de la Guinée sont appelés à écrire une nouvelle page de notre histoire, les mots, avant d’être prononcés ou couchés sur papier par quelqu’un, devraient être suffisamment pensés et mûris pour éviter de remettre de l’huile sur le feu.
Malheureusement, Thierno Monenembo, unique en son genre, ne voit et n’entend les choses de cette façon, et prouve, dans une tribune tendancieuse intitulée : «Encore une louche dictature, guinéens!», il attise, au vu et au su de tous, des tensions intracommunautaires.
Bien que mon statut actuel de Conseiller National de la Transition (CNT) ne me permet pas actuellement d’intervenir dans certains débats, cette récente sortie au vitriol de Thierno Monenembo est si dangereuse pour la quiétude sociale et l’unité nationale, et si cinoque que la laisser passer sans aucune réaction, c’est de se rendre de facto complice des propos tendancieux, extrémistes et divisionnistes de cet éternel insatisfait.
En plus des égards de langage envers les autorités successives de notre pays, les sorties intempestives de cet écrivain ethnocentriste au service des causes subjectives qui risquent de mettre dangereusement en péril le tissu social de notre Nation ne doivent laisser indifférent aucun guinéen patriote soucieux de l’avenir du pays.
En effet, dans cet ambon imbibé d’une forte dose d’ethnocentrisme, d’incitation à la haine et à l’esprit de rejet des uns envers les autres, deux passages ont retenu mon attention :
La première, il s’agit de, je cite : «….Il s’est même permis (au nom de quoi, bon dieu !) de nommer le président du CNT, évidemment un homme de sa tribu….» Et la deuxième, c’est : «….C’est des histoires tout ça, les affaires d’Air Guinée et du patrimoine foncier de l’Etat ! Les Guinéens ne sont pas dupes, Lieutenant-Colonel Doumbouya. Votre objectif est d’éliminer par tous les moyens Cellou et Sidya, les deux candidats les plus susceptibles de l’emporter et nones susceptibles, afin de propulser à la tête de l’Etat un rejeton de votre clan. C’est la fameuse doctrine « angbassanlé » propre à la clique meurtrière de Sékou Touré…..»
Loin de moi l’intention de prendre fait et cause pour l’actuel régime ou d’approuver les conditions dans lesquelles les opérations de récupération des domaines de l’Etat en cours se déroulent, loin de là, je fais cette petite sortie pour tout juste rappeler à Monenembo et sa bande de cliques qu’il n’est plus question de croiser les bras pour leur laisser la liberté de stigmatiser une frange de la population guinéenne pour des fins politiques. Si ses agressions verbales se limitaient seulement au régime en place, je n’en dirai pas un mot, car je ne me sentirai point concerné. Mais, de là à aller s’en prendre, de façon insidieuse, à tout un groupe de guinéens, c’est tout simplement franchir le Rubicon. Donc, impardonnable!
En effet, chaque fois que Monenembo décide de prendre la parole ou de coucher quelque chose sur papier, c’est un groupe de guinéens qui se retrouve dans sa ligne de mire. Pourquoi? Quand est-ce il sortira de ces considérations ethniques qui ne cessent de crevasser le tissu social de notre patrimoine commun?
Quand des anciens dignitaires du régime du Professeur Alpha Condé, notamment les honorables Amadou Damaro Camara et Hadja Nantou Chérif, les Ministres Dr Mohamed Diané et Ismaël Dioubaté, ont été humiliés ici au vu et au su de tous, sortis Manu Militari des maisons qu’ils occupaient à la cité ministérielle, cet écrivain à la plume tendancieuse fait partie de ces guinéens qui s’étaient réjouis de ces mesures. Ce jour, ils ont oublié les enseignements de ce célèbre vieux diction affirmant sagement que:«chacun son tour chez le coiffeur.»
Mais, comme il s’agit aujourd’hui d’un des occupants des domaines publics de Dixinn et de Labé, Thierno Monenembo veut faire croire à l’opinion qu’il s’agit d’une cabale contre un groupe de guinéens ou qu’il s’agit d’assoir la suprématie d’un tel sur les autres. Pourtant, ces opérations de récupération des domaines de l’Etat ne sont orientées contre personne.
Nul besoin de rappeler ici que ceux qui ont applaudi hier l’idée d’audits des gestions passées et la création de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) par les nouvelles autorités du CNRD, sont ceux-là qui traitent aujourd’hui ces mêmes autorités de tous les noms d’oiseau, parce que tout simplement certaines personnes sont concernées par ces opérations.
Il faut souligner de passage que dans les missions assignées à la Commission de récupération des biens de l’Etat et à la CRIEF par les nouvelles autorités concernent aussi bien les gestions le régime déchu, que les autres régimes précédents. Contrairement à ceux qui pensent qu’il ne s’agit essentiellement que de la gestion du régime du Professeur Alpha Condé.
Un adage Malinké nous enseigne ceci :«yéli tè sé dan dan la nè kan», qui veut littéralement dire qu’«on ne peut pas traiter une plaie lorsqu’il y a des pus en dessus.» Il faut commencer par enlever complètement les pus, nettoyer la plaie avant de mettre les médicaments.
Bref, cette énième dérive verbale de Thierno Monenembo, ce symbole de l’idéologie ‘’tout sauf les autres’’, est l’une des preuves éloquentes et irréfutables que sa lutte n’est ni pour la démocratie, ni pour la Guinée, comme il a souvent tendance à faire croire à l’opinion. C’est une lutte visant exclusivement à braquer certains guinéens contre d’autres. Ce qui est complètement inadmissible voire provocateur.
Sayon MARA, Juriste