Lors du match pour la troisième place de cette CAN 2022, le Cameroun a d’abord vécu un cauchemar avant de renverser la vapeur et de venir à bout du Burkina Faso, samedi 5 février à Yaoundé (3-3, 5 tirs au but à 3). Dans cette fin de compétition les Lions indomptables ont autant montré leurs bons côtés que leurs mauvais. Il y a de la tension au sein de la tanière, mais aussi un désir de réussite indéniable.
De notre envoyé spécial au stade Ahmadou-Ahidjo,
On avait bien ressenti, vendredi lors de la conférence de presse d’avant-petite finale, combien les Camerounais étaient meurtris par leur défaite subie face aux Pharaons en demi-finale de la CAN 2022. André Onana, le gardien de but, n’avait pas caché son désarroi et celui de tout son camp.
Les séquelles étaient encore bien visibles, samedi 5 février, lors d’une bonne partie de la rencontre face aux Burkinabè. Totalement hors-sujet pendant plus d’une heure, le Cameroun s’est retrouvé mené 0-3, sifflé par son public et au bord du naufrage définitif. Et puis, alors que l’espoir semblait s’être envolé pour de bon, les Lions indomptables ont repris vie, dans une ambiance survoltée, pour arracher aux tirs au but une victoire synonyme de troisième place.
Un succès qui n’efface pas le reste
Auteur d’une erreur qui l’a conduit à marquer contre son camp avant la pause, André Onana s’est rattrapé ensuite en repoussant le tir au but du Burkinabè Ibrahim Blati Touré. « Ce n’est pas facile de jouer un match comme ça, d’être insulté et hué par son public à la maison, dans sa ville, sa capitale. Mais c’est le football et il faut rester costaud », a confié le gardien, qui avait retrouvé le sourire avec la médaille de bronze autour du cou.
« Il y a des troisièmes places qui dépassent les premières (rires). Gagner comme on l’a fait n’efface pas la déception, mais ça comble un vide », a ajouté le portier de l’Ajax. En tant que leader, Onana a défendu sa sélection. « La tanière a toujours été calme », « ce groupe est magnifique et vit bien », « on est serein, tranquille », a-t-il assuré. Mais il y a des raisons de douter de ces paroles.
Juste après le revers contre l’Egypte, Vincent Aboubakar avait jeté un froid en déclarant au micro de Canal Plus : « Chacun pense à lui et ça n*** tout. » C’était un premier aperçu des failles de la sélection camerounaise. Le lendemain, Toni Conceiçao, le sélectionneur, avait modestement tempéré ces paroles en rappelant qu’elles avaient été prononcées dans la foulée du match. Le Portugais avait également assuré avoir eu une discussion avec son capitaine.
Choupo-Moting, la cassure
Mais Toni Conceiçao, en dépit de cette troisième place, apparaît comme déconnecté d’au moins une partie de son groupe, et notamment d’un joueur : Eric Maxim Choupo-Moting. La question « Y a-t-il un problème avec lui ? » a été posée au coach vendredi. Le technicien a répondu par la négative. Difficile, pourtant, de tenir encore ce même discours après ce Cameroun-Burkina Faso.
L’imbroglio autour de Choupo-Moting a éclaté avec le coup d’envoi. Annoncé titulaire et capitaine dans un premier temps, le joueur du Bayern Munich a ensuite disparu de la feuille de match. Il a pris place en tribunes, sous les yeux interloqués des spectateurs. Les rumeurs d’une brouille avec Conceiçao ont alors commencé à courir sur les réseaux sociaux.
Après la victoire des Lions indomptables, Choupo-Moting a pris la parole et confirmé qu’il a bien refusé de jouer en raison d’un problème avec le sélectionneur : « J’ai dit au coach que je ne pouvais pas jouer ce match parce je ne me sentais pas bien psychologiquement. Je suis venu aider l’équipe à gagner la CAN. Le coach m’a montré qu’il ne compte pas à 100% sur moi. On a joué 120 minutes en demi-finale et il ne m’a même pas fait entrer. Pour moi, c’est un manque de respect. J’étais obligé de dire la vérité au coach. Je suis très déçu et très frustré. »
Et dire que pendant ce temps-là, André Onana répétait qu’il n’y a « pas de cas Choupo », alors que Just Choupo-Moting, le père de l’attaquant, faisait savoir que son fils ne jouerait plus jamais sous les ordres de Conceiçao… Le Cameroun n’a pas tout perdu avec cette place sur la plus petite des marches du podium de « sa » CAN. L’honneur est sauf. Mais il y a des troubles au cœur des Lions indomptables.
Ces derniers n’ont pourtant pas de temps et d’énergie à perdre avec de telles histoires ; fin mars, ils ont à leur programme une double confrontation capitale en barrages de la Coupe du monde 2022 face à l’Algérie. Il serait bon de capitaliser sur les points positifs à retenir de cette CAN et de régler toutes ces faiblesses qui ont nui à la bonne marche du groupe.
rfi.fr