Le dialogue républicain promis depuis un an et demi par le président Touadéra doit débuter lundi matin. Mais l’ensemble des partis d’opposition qui avaient pourtant participé jusqu’ici aux préparatifs viennent d’annoncer qu’ils boycottent finalement la rencontre au motif que leurs exigences ne sont pas satisfaites.
Avec notre correspondant à Bangui, Carol Valade
Le dialogue se fera donc sans l’opposition. Son porte-parole, Me Nicolas Tiangaye, dit avoir tenté jusqu’au bout de faire inscrire les véritables problèmes à l’ordre du jour. À savoir, selon lui, la nécessaire participation des groupes armés. « Les groupes armés sont les protagonistes de la crise et on ne peut pas régler la crise en excluant ces protagonistes », affirme-t-il.
L’opposition réclamait aussi un débat sur la crise électorale de 2020, puisqu’elle juge toujours illégitime la réélection du président Touadéra. Moins d’un électeur sur trois avait alors pu voter en raison de l‘attaque coordonnée des groupes rebelles à travers le pays.
« Nous n’entendons pas servir de faire-valoir à cette parodie de dialogue », a conclu Me Nicolas Tiangaye au nom de l’opposition élargie, qui comprend la COD2020, le MLPC de Martin Ziguélé et Patrie de Crépin Mboli-Goumba. Le MKMKS de Jean-Serge Bokassa et le MDRC de Joseph Bendounga avaient déjà fait savoir qu’ils ne répondraient pas présent lundi matin à l’ouverture du dialogue.
La décision de l’opposition est jugée « absurde » par le MCU, le parti au pouvoir. Mathurin Dimbelet-Nakoé s’étonne que l’opposition se retire au dernier moment après avoir siégé au comité d’organisation, établi les thématiques et défini les contours du dialogue. « Malgré la main tendue par le cher de l’Etat, ces gens-là ne sont pas pour la paix, tance-t-il. Un groupe de personne ne peut pas continuer à prendre la République centrafricaine en otage. »
Du côté de la société civile, on exprime sa déception mais on garde espoir dans l’issue du dialogue. « C’est lamentable », réagit Hyacinthe Longba, défenseur des droits de l’homme et membre du comité d’organisation du dialogue. « J’aurais aimé voir toutes les sensibilités autour de la table », renchérit Paul-Crescent Beninga, le rapporteur général issu de la société civile.
Des questions
« Le dialogue est maintenu », assure la présidence. Mais des interrogations demeurent. Les thématiques abordées sont très larges, l’objectif des organisateurs est de mettre un terme à la crise et ramener la paix, sans préciser par quelle mesure concrète, espérant qu’une solution sortira des discussions.
Monseigneur Nongo, président de la conférence épiscopale, plaidera pour une meilleure répartition des fruits de l’exploitation minière. Aly Ousmane, de la société civile musulmane, réclame une prise en charge des déplacés qui affluent vers la capitale depuis le centre du pays ou de graves violations des droits de l’homme sont actuellement commises, assure-t-il.
D’autres encore craignent que le dialogue n’aboutisse à une modification de la Constitution.
rfi.fr