Jamais dans l’histoire des transitions militaires dans la sous-région ouest africaine, la CEDEAO n’a été perçue aussi complaisante en vers un pays, cela plus d’un an après le coup d’Etat ajouté à l’incertitude qui plane sur le retour à l’ordre constitutionnel.
Paradoxalement, il a été fait pour la Guinée sous la transition dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya.
D’aucuns parleront de la situation géopolitique qui plaide en faveur du régime militaire avec le soutien à peine voilé de la puissance colonisatrice, la France en l’occurrence.
La clémence de l’institution sous-régionale peut être aussi, et en grande partie, le fait de la diplomatie souterraine, cependant très active menée par la Guinée, pour mettre en minorité le Président du Bissau, par ailleurs président de la conférence des chefs d’Etats, Umaru Sissoco Embalo. Celui-ci, au-delà de la volonté peu certaine qui l’anime de respecter les principes en vigueur en pareille situation, n’était pas aussi insoupçonné, faut-il le rappeler, de vouloir régler des comptes aux autorités guinéennes , qui selon lui, le méprisent et le banalisent. Ce, depuis très longtemps.
De toute évidence, le communiqué final de la session ordinaire tenue le 05 septembre conforte les autorités guinéennes. C’est un bol d’air pour les dirigeants du pays, devenus souples et moins méprisants à l’égard de la classe politique, parce que confrontés à l’épreuve du pouvoir.
Ce communiqué, rappelons-le, valide les 24 mois et les 10 étapes qui font la trame de l’accord conclu à Conakry, en octobre dernier, entre les émissaires de la CEDEAO et le palais Mohamed 5.
A propos du dialogue, le ton est plutôt à l’invite pour amener tout le monde au tour de la table. Contrairement aux déclarations du président de la commission de l’organisation sous-régionale rapportées par nos confrères de RFI, à l’issue du sommet. Des informations qui ont extasié l’opinion qui rêvait d’un durcissement de ton et de position en vue d’amener le CNRD à accéder aux revendications des trois coalitions de partis politiques et d’organisations de la société civile, les plus représentatives, qui ont boudé le dialogue en cours.
De ce qui précède, l’on peut parler de triomphe modeste grâce à la diplomatie active, au propre et au figuré.
Au pouvoir de ne pas tomber dans un triomphe démesuré. C’est à lui de consolider cette « victoire » sur les cassandres qu’il présume être tous ceux qui s’attendaient à une sanction prise contre le pays. Pour cela, il faut accepter de faire assez d’efforts en vue d’avoir une transition quasi consensuelle.
Mognouma Cissé