En RDC, le président Tshisekedi a entériné la composition de l’équipe de la Céni vendredi soir. En dépit des réserves observées côté opposition, pour le camp des partisans du pouvoir, c’est une très bonne chose.
Dans l’Union sacrée de la nation, plusieurs sont ceux qui applaudissent des deux mains la décision d’entériner la composition de la Céni. Parmi eux, Clément Kanku du Mouvement pour le Renouveau : « Nous saluons cette décision et nous avons pris acte de l’ordonnance du chef de l’État et demain nous espérons que les choses vont vite se mettre en marche pour que les élections soient préparées dans les délais constitutionnels. »
Augustin Kabuya, secrétaire général de l’UDPS, le parti du président Tshisekedi, dénonce le « caprice » des deux confessions chrétiennes : « Si le chef de l’État a pris cette décision, c’est par rapport à la réalité. Notre pays est un pays laïc. Devant nous, il y avait huit confessions religieuses. Six s’étaient prononcées sur un candidat, et les deux autres avaient opté pour une autre voie, la voie de la terre brûlée. Ces deux-là font leur caprice parce que Denis Kadima est un muluba du Kasaï. Nous sommes dans quel monde aujourd’hui ? Si les gens doivent fonctionner sur la base de leur appartenance tribale, c’est honteux ! Tout notre peuple est déterminé pour aller aux élections en 2023. »
Au Parti lumumbiste unifié, on pense autrement. Le professeur Onésime Kukatula Falash, stratège électoral du parti, ne partage pas l’optimisme du camp présidentiel : « Si dès le départ du processus électoral, il y a des contestations, des refus et des méfiances, on risque de commencer le processus avec la violence et la contestations, ce qui n’est pas une bonne chose. Au départ, il faut que tout le monde se sentent en confiance pour aller aux élections. »
Pour Lamuka, c’est un « passage en force »
Pour le CCU de Lambert Mende, ce qui compte, c’est le cadre légal : « à ma connaissance, il n’y a aucune disposition légale qui puisse interdire au président de la République de procéder à l’investiture partielle des membres de la commission nationale électorale indépendante. »
En revanche, la plate-forme d’opposition Lamuka, dirigée par Martin Fayulu et Adolphe Muzito, est vent debout contre l’entérinement par le président Félix Tshisekedi de Denis Kadima à la tête de la Céni. Il s’agit rien de moins qu’une « déclaration de guerre au peuple congolais », a réagi un des porte-paroles de Lamuka, Prince Epenge, qui annonce des manifestations jusqu’à ce qu’ils obtiennent son départ de la tête de la commission électorale.
« L’acte posé par M. Félix Tshilombo [Tshisekedi, NDLR] qui vient de signer son ordonnance d’entérinement de M. Kadima est une déclaration de guerre à l’endroit de notre peuple, un acte de provocation pour la coalition Lamuka. Les règles du jeu électorales doivent être définies et acceptées par tous, d’où la nécessité d’un consensus. Mais là, Félix Tshilombo vient de passer en force. Nous allons descendre dans la rue pour chasser Kadima de la Ceni et pour exiger un consensus le plus rapidement possible entre les parties prenantes. »
Mais déjà des inquiétudes de débordement sont perceptibles du côté d’une grande partie de la société civile.