Contribution de la Société Civile pour une transition apaisée en Guinée
Depuis le début de la Transition le 05 Septembre 2021, malgré plusieurs rencontres sous
forme de consultations ou de concertations, les autorités de la Transition n’ont jamais su
trouver une dynamique constructive de dialogue avec les acteurs sociopolitiques du pays sur
la conduite de la Transition. Cependant, il ressort de la rencontre du 27 juin 2022, qui a
regroupé un grand nombre des acteurs de la vie publique, faisant suite aux efforts conjugués,
consolidés par un discours apaisant du Premier Ministre, Chef du Gouvernement donnant
l’espoir de la ténue d’un dialogue constructif, que les acteurs politiques et sociaux du pays
n’ont d’ambitions que de contribuer à la réussite de la Transition dans le respect de la loi et du
droit.
B. QUELQUES CONDITIONS POUVANT GARANTIR LA
CONFIANCE ET LE SUCCES AU DIALOGUE POUR UNE
TRANSITION APAISEE
Il ressort des différentes interventions des acteurs sociopolitiques lors de la rencontre du 27
juin 2022 à l’Hôtel Kaloum sous la Présidence du PM, qu’en dépit de leur volonté manifeste
de contribuer à la réussite de la Transition par un dialogue constructif, il existe une profonde
crise de confiance entre les autorités et ces acteurs sur la conduite de la Transition. Cet état de
fait est la résultante à la fois de l’échec des nombreuses concertations ténues depuis le début
de la Transition et le manque de transparence et d’équité des organes de la Transition. Ainsi,
en analysant le contexte sociopolitique et économique du pays et les prises de parole des
acteurs à cette rencontre du 27 juin 2022, en réponse à la question du PM sur le contenu de la
Transition et la participation aux thématiques, on peut déduire qu’il y a certaines conditions
nécessaires à tout succès au dialogue pour une Transition réussie. Il s’agit entre autres:
1. Un acte du Président de la transition ou du CNRD désignant les représentants du
CNRD ou le PM comme fondé de pouvoirs pour la conduite du dialogue. A rappeler
que selon la Charte, le CNRD et le Gouvernement sont des Organes distincts, d’où
la nécessité de cet acte pour le respect de l’art 77 de la Charte ;
2. La Dépolitisation des opérations de moralisation de la gestion publique et de
récupération des biens de l’Etat :
Le renforcement de la crédibilité et la confiance dans la conduite de la CRIEF
par : (i) le respect du principe de présomption d’innocence, (ii) la définition et la
publication des critères de choix des dossiers prioritaires, et (iii) la libération sous contrôle judiciaire des acteurs politiques ou cadres en détention provisoire, en attendant leur jugement;
La mise en place d’une commission d’identification des personnes physiques ou
morales déguerpies au cours des opérations de récupération des domaines de
l’Etat, afin d’apprécier des conditions d’acquisition desdites propriétés et situer les
responsabilités conformément à la loi pour le respect du droit;
3. L’exemplarité des autorités de la Transition à travers : (i)- la publication des biens des
membres des organes de la Transition, (ii) la publication de la liste nominative des
membres du CNRD, (iii) la présentation des actifs financiers et matériels de l’Etat à la
date du 05 septembre 2021;
4. La recomposition des organes (Gouvernement et CNT) de la Transition pour les rendre
plus représentatifs et confiant du paysage sociopolitique du pays, en respect à la
troisième valeur du CNRD.
C. LE CADRE DE DIALOGUE :
Avec la bonne foi et l’objectivité dans le respect de la Charte, le dialogue peut être
structuré en deux (2) étapes sous la facilitation de la communauté Internationale
(CEDEAO, UA, G5 et le Système des Nations Unies) pour garantir la confiance. Par
ailleurs, la communauté Internationale mettra à disposition de l’expertise technique
et impartiale pour le rapprochement des positions sur les contradictions d’ordre
technique.
Ces deux (2) étapes sont :
1. La définition du Chronogramme (contenu et durée) de la Transition :
A la suite de l’annonce controversée des 36 mois comme durée de la Transition par le CNRD
à travers le CNT en violation de l’article 77 de la Charte de la Transition, bien qu’une grande
majorité des acteurs politiques et sociaux ait rejeté dans la forme et le fond, il y a certains
acteurs sociopolitiques du pays qui ont jugé pour une raison ou autre cette durée raisonnable.
A cet effet, dans un élan d’objectivité et de responsabilité, la première partie du dialogue sur
la durée de la Transition doit se faire entre les représentants dûment désignés du CNRD et les
acteurs qui rejettent les 36 mois pour confronter les arguments dans le respect de l’article 77
de Charte de la Transition.
2. Le dialogue permanent sur la conduite de la Transition :
Dans le cadre de la mise en œuvre et le suivi du Chronogramme de la Transition y compris
certains sujets d’enjeux majeurs, tels que (la constitution, l’organe de gestion des élections, le
fichier électoral, la réconciliation), un dialogue permanent inclusif peut être institué de façon
mensuelle tout le long de la Transition entre les Forces Vives et les autorités.
3. Composition du cadre de dialogue permanent:
Le cadre peut être composé de 25 personnes issues des ensembles les plus représentatifs et
répartis comme suit :
Société Civile 07 ;
Syndicats 03 ;
Coalitions politiques 10 ;
CNRD/Organes de la Transition 05.
NB : En décembre 2021, après une enquête de perception auprès des guinéens de l’intérieur et
de l’étranger, suivie d’un atelier de consolidation qui a regroupé l’ensemble des
organisations/plateformes de la société civile, les Forces Sociales du pays ont transmis au
CNRD, un document de contribution pour la définition du Chronogramme de la Transition, à
travers la Dynamique d’Appui Citoyen à la Transition. Ce document, dont l’extrait actualisé
de la matrice en PJ, a été également transmis à l’époque au PM.
Le Coordinateur National
Abdou SACKO