La sous-région ouest africaine est en train de devenir la plus grande zone d’instabilité institutionnelle sur le continent. Tentez bien ! En moins de trois ans, 6 coups d’État ont été enregistrés. Deux au Burkina et au Mali puis un en Guinée et au Niger. Sans oublier la tentative avortée en Guinée Bissau.
Au Mali et au Burkina, l’irruption des militaires sur la scène politique peut bien s’expliquer par des raisons évidentes de déchéance des régimes en place, du fait de la corruption et du laxisme dans la lutte contre l’insécurité qui a provoqué la partition du pays. Cependant, il est difficile de trouver des explications digestes pour faire passer la pilule du coup d’État en Guinée et au Niger. L’analyse de la situation dans ces deux événements révèle plutôt une guerre d’intérêt. Des actions dictées par des instincts de survie et de sauvegarde des privilèges indus. Pour ce fait, l’obsession de parvenir vite à ses fins appelle à un modus operandi nouveau. C’est de capturer le président dont on a la charge de la sécurité et contraindre l’armée à se rallier. Ce modus operandi qui a commencé en Guinée, a beaucoup inspiré les nouveaux maîtres de Niamey qui se sont essayés, et s’en sont servis, pour parvenir à leur fin, à savoir déchoir leur patron.
Les mêmes causes ont amené la même réaction.
D’abord en Guinée, c’est un secret de polichinelle que le Colonel Président a réagi quand il s’est senti menacé, avant de trouver des prétextes en lien avec le changement de la constitution pour un troisième mandat.
Les confessions du Président déchu, Alpha Condé confortent cette thèse. Lui qui jure et est convaincu que c’est son désir de mener des changements majeurs au sein de l’appareil sécuritaire qui a amené ses tombeurs à lancer l’assaut contre son palais.
C’est la même chose qu’on entend à propos des putschistes au Niger. L’actuel homme fort, ancien chef de la garde présidentielle, qui se croyait indéboulonnable, sinon éternel, n’a pas digéré que son patron veuille le remplacer à la tête de cette unité d’élite. Sa réponse est sans équivoque. Comme en Guinée, il a capturé son patron, puis engagé une discussion avec les loyalistes qui ont été contraints de constater la fin de règne. Sauf que chez lui, rien ne peut justifier, encore moins expliquer cet agissement qui marque une rupture dans l’ancrage démocratique en bonne voie dans ce pays.
On peut redouter l’effet contagion avec ce modus operandi qui s’avère très efficace.
Les chefs d’États aux allures autoritaristes insusceptibles de reproches dans leur gestion sont alors avertis.
En attendant de trouver le sparadrap à cette obsession des militaires de se substituer aux politiques, à travers l’attitude de la communauté internationale qui doit cesser d’être complaisante. Ou bien qui doit refuser de céder devant des intérêts.
Mognouma Cissé