LETTRE OUVERTE DU CAMP BOIRO AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, MONSIEUR ALPHA CONDÉ
Monsieur le président, le Camp Boiro de sinistre mémoire ne peut servir de boule de neige dans le silence lâche et coupable d’une partie de Guinéens sur lesquels vous croyez compter jusqu’à ce que la roue de l’histoire tourne.
Monsieur le président l’ambiance de terreur qui règne dans le pays sous votre magistère avec une justice qui n’en est plus une, parce que agressivement orientée, nous rappellent de douloureux souvenirs. Mais vous aviez promis que vous prendriez la Guinée là où Sékou Touré l’avait laissée. Les plus naïfs ont cru à une boutade, sans plus. La réalité du vécu actuel de notre peuple nous ouvre les yeux sur l’horreur de ce qui se passe : du goulac de Coronthie à tous les lieux de détention extra-judiciaire, jusqu’au Camp de Soronkoni ; l’imitation est presque
parfaite.
Monsieur le président, nous vous invitons à rendre personnellement une petite visite à la prison civile de Coronthie en votre qualité de chef de la chaine pénale, pour vous rendre compte de l’état de pourrissement et d’insalubrité dans lesquelles sont maintenus des prisonniers qui jouissent encore de la présomption
d’innocence.
Le surpeuplement est passé d’environ trois cents à plus de mille. Pourquoi acceptez-vous cela ?
Vos différents ministres de la Justice préfèrent garder leurs douillets bureaux climatisés sans faire le job pour lequel ils sont grassement payé.
Nous du Camp Boiro qui avons perdu nos parents dans les mêmes conditions, sommes révoltés que l’histoire se répète sous votre autorité de surcroit. Bien sûr que les fameuses ombres chinoises qui dansent toujours autour du pouvoir en attendant de se renouveler sous le soleil d’un autre président, vous contraindront à fermer les yeux sur cette horreur en vous recommandant du dilatoire : la fameuse table de conciliation, en attendant que les prisonniers politiques se meurent en état de pourrissement.
Boiro aux camps d’aujourd’hui.
Vous savez bien, Monsieur le président, que celui qui a été choisi sur recommandation sournoise, est suffisamment vide de toute efficacité pour répandre la paix dans ce pays. Il ne peut que nous rappeler aux souvenirs cauchemardesques des évènements de deux mille six et deux mille sept.
Plus qu’une table de concertation, nous exigeons la conférence nationale ouverte à tous ceux qui ont souffert de cette violence d’Etat ; pour une instance vérité, justice et réconciliation.
Pour le Camp Boiro