Enfin! L’espoir est permis de faire la lumière sur les pages sombres de l’histoire guinéenne, par le biais de la justice. Désormais les douleurs profondément enfouies, ont un espace aménagé où s’évader. Les présumés auteurs et leurs mobiles, eux aussi, ont une tribune où se blanchir ou subir.
Cependant, nul n’ignore que si le procès du 28 septembre 2009 a été rendu possible, c’est grâce à la ténacité des victimes, la détermination des défenseurs des droits humains, la presse et la volonté politique. Au regard de l’importance que revêt ce procès pour les uns et pour les autres, il n’est donc pas étonnant de constater le soulagement suscité en Guinée. Car, ce procès rappelle l’histoire de la Guinée qui est jonchée d’événements aussi douloureux que le 28 septembre 2009.
Certes, l’idéal serait de faire la liste exhaustive de tous ces événements douloureux, sans aucune discrimination. Mais compte tenu de leur nombre élevé et, de l’incapacité de la mémoire humaine d’archiver tous, celui qui est rappelé ici, n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Il s’agit du 4 juillet 1985. Sinon, le camp Boiro, les événements du 2-3 février 2007, les événements de Zogota, de Womèy dans la région forestière et les morts lors des manifestations sont entre autres, d’événements dont les douleurs attendent d’être soignées par la justice. Loin de juger du degré des douleurs causées, tous ces événements ont enregistré des pertes en vies humaines et laissé des séquelles physiques et morales.
Choisissant d’être le confluent des partisans du vrai coup d’Etat ou de faux coup d’Etat du 4 juillet 1985, du Colonel Diarra Traoré, par ailleurs premier ministre, contre le chef de la junte d’alors, le colonel Lansana Conté, il ressort néanmoins qu’aucun des deux camps ne peut nier le bilan macabre qui en a résulté. Des officiers de l’armée, des cadres de l’administration publique, des hommes d’affaires vécurent des arrestations extrajudiciaires, jetés en cachots, torturés avant d’être fusillés et enterrés dans des fausses communes. Des pères de famille humiliés, torturés devant leurs enfants, des voisins et le peuple. Selon moults observateurs, les victimes étaient majoritairement de la même communauté. Ce qui d’ailleurs, pousseraient certains à attribuer aux événements la nature qualificative de génocide.
Les victimes et les parents des victimes se souviennent encore de ces événements comme s’ils les éprouvaient aujourd’hui. Que les douleurs du 28 septembre 2009 ne cachent les leurs. Raison pour laquelle, les défenseurs des droits humains et la presse sont interpellés. Aux autorités, d’aller au-delà de ces douleurs du 28 septembre 2009, pour réussir enfin, à faire accepter le pardon en vue d’une véritable réconciliation nationale.
Kamano Bella