Parce qu’ils sont professionnels. Ils ont des rôles spécifiques, mais ils visent un même objectif : la manifestation de la vérité. Les tueries ne peuvent rester impunies. Mais aucun innocent ne doit payer à la place des vrais coupables. Il faudra que chacun garde la sérénité devant tout ce qui pourrait se dire ou se passer. Le dossier sera examiné en profondeur pour nous permettre de comprendre les fautes politiques probables, les exactions et tout ce qui les aura encouragé, les trahisons si elles existent et toutes les implications dans ce massacre. Ce travail revient aux magistrats et aux avocats.
Le procès sur les massacres du 28 septembre comporte beaucoup d’enjeux et peut-être de pièges aussi. Le sujet est aussi sensible, donc aucune passion ne devrait accompagner les débats. Elle ne servira ni les victimes, encore moins les accusés. La passion qui peut naître de nos accointances naturelles avec les uns et les autres, doit absolument être maîtrisée, pour laisser place à la raison. C’est pourquoi comme l’association des victimes de cette tragédie, nous devons avoir confiance à nos magistrats. Il n’existe aucune certitude. Il n’existe pour l’instant, aucun coupable. Aucun suspect condamnable.
Évidemment nous pouvons être choqués par la façon dont nos proches pourraient être traités. Évidemment nous pouvons vouloir pour eux du respect et de la considération. Mais nos volontés ne dictent pas la conduite de la justice. Les procédures sont régies par un code, bien maîtrisé par les magistrats et avocats. Certainement les enquêtes ont suffisamment été menées pour camper la situation. Les victimes ont été entendues, certains témoins aussi. Il ne faut pas s’étonner que l’on vienne à demander des enquêtes supplémentaires pour édifier l’opinion sur certaines questions que beaucoup se posent. Quoi qu’il en soit, les pessimistes peuvent croire désormais à la possibilité de faire la lumière sur une des parties sombres de l’histoire du pays.
La justice a souvent été décriée à tort. Parce qu’elle ne faisait pas ce que nous voulions. Elle a souvent été jugée inféodée à l’exécutif. Parce que certaines décisions ne nous ont pas plu. Ou peut-être parce qu’elle ne s’est pas bougée sur certains sujets. Beaucoup de crimes sont encore restés impunis dans ce pays. Certains magistrats se sont montrés indélicats et corrompus aux yeux de l’opinion. C’est pour toutes ces raisons que ce procès au-delà de la nécessité de dire le droit, devrait aider le corps judiciaire à redorer son blason. C’est une aubaine. Et il inspirera d’autres nations, qui n’ont pas encore réussi ce type de procès.
Les journalistes doivent aider à faire comprendre les discours des uns et des autres, sans se laisser aller dans le sensationnel. Cela suppose qu’en amont les capacités des reporters ont été renforcées. Les outils leur ont été donnés pour mieux expliquer les différentes étapes du procès. Rien absolument ne doit nous amener à refuser á la haute autorité de la communication son rôle dans période aussi sensible. Elle doit réguler, conseiller, interpeller et sanctionner quand il le faut. La quiétude sociale, vaut plus que nos désirs personnels.
Jacques Lewa LENO.