Après avoir soufflé dans les bronches de la junte, suite au coup de force perpétré contre le président Alpha Condé le 5 septembre dernier, l’institution sous régionale vient de faire un rétropédalage. Ceci à la grande satisfaction des nouvelles autorités guinéennes, que la Communauté Économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), promet dorénavant de porter à bout de bras, dans la conduite du processus de transition, en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel normal.
Cette déclaration de fin de mission des émissaires de la Cédéao, qui viennent de séjourner dans notre capitale, synonyme d’une remise en selle, constitue un bol d’air pour le CNRD.
« Bon droit a besoin d’aide ». C’est comme si la Communauté Économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) s’était résolue à mettre en pratique les enseignements de cet adage latin, dans la gestion de la crise guinéenne. Oubliés donc les effets de manche et l’épouvantail des sanctions économiques, brandies contre les putschistes de Conakry au lendemain de l’éviction d’Alpha Condé du pouvoir.
La mise au ban aura fait long feu. Et la question préjudicielle, relative à la libération de l’ancien chef d’État semble désormais ranger aux oubliettes.
C’est le moins qu’on puisse dire, en tenant compte du communiqué ayant sanctionné la récente visite de la délégation de l’organisation sous régionale dans nos murs. Où nulle part ne figure le cas Alpha Condé. Une manière sans doute pour la Cédéao d’éviter les sujets qui fâchent.
Cette mission effectuée sous la conduite de M. Jean Claude Kassi Brou, président de la Commission de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), dans le cadre de la mise en application des décisions issues du Sommet extraordinaire de la conférence des chefs d’État et de gouvernement tenu le 16 septembre à Accra du 28 au 30 octobre, est repartie, rassurée par les premiers pas de la junte.
La mission qui était venue évaluer le processus de transition a, parmi ses recommandations, « encourager la junte à entamer le processus nécessaire en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel normal, conformément au protocole additionnel de la Cédéao sur la démocratie et la bonne gouvernance ».
Tout en faisant mention de sa « disponibilité à fournir une assistance en termes de réforme constitutionnelle, d’appui au processus électoral et de finalisation du fichier électoral ».
L’institution sous régionale a émis également le « souhait de recevoir le chronogramme des actions prévues, tout en invitant les acteurs sociopolitiques à travailler ensemble en cette période de transition, afin de garantir la réussite du processus ».
Last but not least, « l’organisation à réitérer son engagement à accompagner la Guinée pour une transition réussie, et appelé dans la foulée les partenaires multilatéraux et bilatéraux à soutenir le processus de transition ».
Du pain bénit pour une junte qui cherche encore ses marques pour mettre le cap. Contrairement à la junte malienne qui a choisi l’épreuve de force avec la Cédéao, le colonel Mamadi Doumbouya ne veut pas aller au clash avec l’organisation sous régionale.
Quand on sait que le principe de subsidiarité fait de la Cédéao le premier interlocuteur de la communauté internationale, en cas de crise, dans la sous-région, bien des gens pensent qu’il ne sert à rien de se mettre à dos cette organisation. Bien que ses manières soient honnies.
Avec le tête-à-queue de la conférence des chefs d’État, le colonel Doumbouya et son Premier ministre Béavogui peuvent donc boire du petit lait. En tout bien et tout honneur.
Mamadou Dian Baldé