Je ne suis pas partisan de la théorie du complot. Mais je suis tenté de me demander si le ver n’est pas dans le fruit. Je me demande si les Guinéens doivent désormais compter avec des crimes gratuits dans le pays.
L’explosion destructrice du dépôt d’hydrocarbures de Coronthie s’est produite le 18 décembre 2023. Il y a de cela bientôt 7 mois. Son impact économique est évalué à plus de 400 millions de dollars américains, avec une kyrielle de conséquences sociales et psychologiques incalculables.
Par la suite, des incendies de lieux stratégiques, aussi spectaculaires les uns que les autres, se sont enchaînés à Conakry. De cette série noire, pas le moindre indice ne situe encore le public sur les causes de ces catastrophes et les responsabilités qui en découlent.
Sur le registre des droits humains, nous venons de connaître le 9 juillet 2024, l’enlèvement crapuleux de Foniké Manguè et de Billo Bah. Et plus avant, depuis novembre 2023, c’était ceux de Cécé Célestin Bilivogui et de Moussa Cheick Soumah.
On peut parler d’enlèvement crapuleux, car le communiqué du parquet général sur lesdits événements affirme « qu’aucun organe d’enquête n’a procédé à aucune interpellation ou arrestation de qui que ce soit ». Mieux, « qu’aucun établissement pénitentiaire du pays ne détient ces personnes faisant objet d’enlèvement ».
Cette déclaration a créé de l’effroi et provoqué un émoi sans précédent dans l’opinion. Elle est gravissime, dans la mesure où c’est l’organe chargé de la protection des libertés individuelles et collectives qui avoue son incapacité à protéger les citoyens.
Les personnes concernées auraient été interpellées par les voies légales et présentées à un juge, personne, de bonne foi, n’aurait trouvé à redire. Mais si en dépit des réformes menées, et en cours dans les secteurs de la sécurité et de la justice, à l’appui d’importants moyens humains, matériels et financiers ; s’il reste possible aux groupes criminels de disposer des paisibles citoyens, sans être inquiétés, dans un Conakry relativement modeste dans ses dimensions, alors on peut dire que le ver est véritablement dans le fruit. Par conséquent, des mesures appropriées de l’en extraire s’imposent de toute imminence.
Allah le Très Haut est imploré à nous en procurer l’inspiration et les moyens d’y parvenir. Aameen !!!
Sény Facinet Sylla
2ème Vice-Président du CNT