La Guinée et son attachement aux futilités. Cela fait plus d’un demi-siècle que nous vivons la même chose. Lorsqu’un débat sérieux doit nous rassembler autour de l’essentiel, nous le fuyons. Chacun choisit le détail qui l’intéresse et finalement, nous nous perdons dans un schéma identique, à celui des pays véritablement en crise. Des pays où les acteurs sociopolitiques ont décidé de se faire du mal. Puisqu’ils ne se parlent pas, ils s’accusent mutuellement de tout le mal dont chacun est responsable en réalité. Et finalement, ils peuvent se perdre dans des discussions inutiles, sans jamais voir le bout du tunnel.
Le travail pendant ce temps ? Il ne se fait pas. Personne ne s’en presse d’aller vers le progrès. Ça ne dérange pas les employés de l’État d’aller en retard et de vouloir partir des bureaux assez vite. Les responsables de l’administration publique ne trouvent pas encore nécessaire le contrôle des présences. Et bien c’est parce qu’ils ne trouvent quelles tâches leur confier. Nous ne sommes pas un peuple travailleur. Nous évoluons dans le semblant et le peu de chantiers que nous avons est géré en fanfare. Finalement, il y a plus de parole que d’actions. Avant c’était déjà le cas. Et c’est encore le cas aujourd’hui. Nous avons de la peine à améliorer notre cadre de vie.
Le cadre de vie. Celui-là même qui évoque notre misère, ne dérange pas encore la majorité. Alors que les décideurs peinent à trouver la meilleure stratégie qui devrait aider à assainir la capitale Conakry, pour parler de celle- là principalement, nous guinéens majoritairement sabotons le peu d’initiatives qu’ils entreprennent. On sabote en salissant autour de nous et en ne nous mobilisant pas pour le nettoyage quotidien. Les marchés, les espaces publics sont insalubres pour longtemps encore. Et ce ne sont pas les samedis d’assainissement qui changeront grand-chose.
Se déplacer, demeure un véritable problème pour tous. Les routes de qualité ne se construisent pas. Les chantiers ouverts trainent et ceux déjà rendus, montrent leur état de dégradation. Inutile de rappeler que la petite route, à la place de la deux fois deux qui a été promise aux guinéens de Conakry à Coyah, ne peut résister au-delà d’une année. C’est presque déjà l’heure de la réparation et derrière un nouveau chantier pour l’agrandir et la rendre durable. Pendant ce temps, les autres trajets n’ont pas encore connu de bitume. Mais ne soyons pas étonnés, nous n’aimons pas le travail. Les autres avancent.
Certains pays sérieux, même de la sous-région, ont pris conscience. Ils ne perdent plus de temps dans des débats inutiles. Ils travaillent, pour changer l’image de leurs pays, poser des actes pour changer leurs propres conditions de vie. Agir de concert pour de grands challenges. Et ils avancent avec beaucoup de satisfaction, parce qu’ils s’entendent pour s’offrir le meilleur d’eux-mêmes. Ils ont plus de temps pour le sérieux, que pour les futilités. Il n’y a rien d’intéressant dans la volonté des uns et des autres à garder un climat de crispation permanent.
Jacques Lewa LENO.