La MAMAYA, cette fête nationale annuelle célébrée à Kankan, est un moment de joie et de rassemblement pour de nombreuses personnes en Guinée. Malheureusement, derrière cet éclat festif, se cache une réalité sinistre : la route de la MAMAYA se teinte de tragédies évitables. Chaque année, des familles sont plongées dans le deuil, ayant perdu leurs proches dans des accidents mortels lors de ce périple, autrefois synonyme de joie et de partage.
« Mourir sur la route de la MAMAYA » résonne aujourd’hui comme une expression funeste, symbole de pertes inutiles et de destins tragiquement brisés. Chaque victime représente bien plus qu’un simple chiffre, elle incarne des vies interrompues, des rêves effacés et des familles plongées dans le désespoir.
La sensibilisation du public est une nécessité urgente pour promouvoir des comportements responsables sur les routes. Les campagnes de sensibilisation doivent être percutantes, agissant comme des phares dans l’obscurité de l’ignorance, éclairant le chemin de comportements responsables. Inspirons nous ; par exemple, de l’initiative « Conduire en sécurité » menée par une ONG locale, qui utilise des affiches évocatrices, des messages radio captivants et des séances de sensibilisation dans les écoles pour révéler les conséquences dévastatrices des comportements irresponsables. La sécurité routière doit être notre guide bienveillant, éclairant le chemin des conducteurs vers des décisions prudentes.
Les dirigeants ont un rôle crucial à jouer dans le renforcement des réglementations routières, afin d’assurer leur application effective. Les sanctions doivent être plus sévères pour les infractions graves, tandis que des contrôles routiers fréquents et aléatoires agissent comme des gardiens vigilants, rappelant aux conducteurs de respecter les règles de conduite. Les voyages de nuit doivent être encadrés par des règles strictes, et les limites de vitesse doivent être rigoureusement appliquées. Les réglementations routières solides se dressent telles des barrières infranchissables, protégeant les conducteurs de leurs propres imprudences.
Investir dans l’entretien des infrastructures routières est une nécessité indéniable. Comme une toile complexe, les routes doivent être inspectées, réparées et entretenues régulièrement pour garantir des conditions de conduite sûres. La réfection de la route nationale reliant Conakry à Kindia est un exemple concret des améliorations possibles, comblant les lacunes et assurant une chaussée stable, réduisant ainsi les risques liés aux nids-de-poule. De même, un programme de subvention pour l’achat de véhicules neufs, assorti d’exigences strictes en matière de sécurité, peut être comparé à une armure protectrice, renforçant la confiance des conducteurs et des passagers.
Cependant, la corruption continue d’être un fléau qui entrave la sécurité routière sur la route de la MAMAYA. Les fonds alloués à l’entretien des routes sont souvent détournés ou mal gérés, conduisant à une détérioration des infrastructures. Récemment, un événement choquant avait ébranlé la nation. D’abord suspendus par le Premier ministre, l’ex ministre des Infrastructures et des Transports et sept autres cadres avaient été limogés de leurs fonctions par le président de la République. Ces cadres, dont le Secrétaire général, le Chef de Cabinet, le Conseiller principal, le Directeur général du Fonds d’entretien routier (FER), le Directeur de l’entretien routier, ainsi que le responsable des passations de marchés, avaient été pris dans un scandale de corruption. Ils auraient été enregistrés à leur insu lors d’une réunion où ils se partageaient illégalement des marchés. Ces révélations ont mis en lumière les conséquences dévastatrices de la corruption sur la sécurité routière. Les fonds destinés à l’entretien des routes, qui auraient dû être utilisés pour assurer des conditions de conduite sûres, sont généralement détournés, compromettant ainsi la qualité des infrastructures. De plus, la corruption a conduit à des pratiques laxistes lors des contrôles de véhicules, mettant en danger la vie des citoyens. Il est essentiel que les dirigeants prennent des mesures fermes pour lutter contre ce fléau. La transparence, la responsabilité et des sanctions sévères doivent être appliquées pour punir ceux qui abusent de leur pouvoir au détriment de la sécurité des conducteurs et des passagers.
Pour mettre fin à cette tragédie récurrente, il est essentiel d’agir à plusieurs niveaux. La sensibilisation du public aux règles de sécurité routière, le renforcement des réglementations, l’entretien des routes et des véhicules, ainsi que la lutte contre la corruption, sont des actions cruciales. Ensemble, en travaillant main dans la main, la population, les autorités gouvernementales, les organismes de sécurité routière et les organisations de la société civile peuvent transformer la route de la MAMAYA en un chemin sûr, où la célébration est empreinte de joie et non de deuil.
N’oublions jamais ceux qui ont perdu la vie sur la route de la MAMAYA. Leur mémoire doit être notre moteur pour agir, pour placer la sécurité routière au sommet de nos priorités, et pour bâtir un avenir où chaque voyage vers cette célébration nationale est empreint de bonheur et non de tragédie. Tel que le refrain bien connu du chant MAMAYA nous le rappelle, «Tolôn tè sèbè sâ» (l’amusement n’empêche pas le sérieux). Que la MAMAYA devienne ainsi un symbole de rassemblement, de fierté et de sécurité pour tous les Guinéens. Ensemble, nous pouvons réaliser cette vision et transformer la route de la MAMAYA en un chemin de vie, de partage et d’espoir.
Ousmane Boh KABA