Le CNRD ne se fait désormais aucune illusion. Il est convaincu de ne pas pouvoir s’entendre avec la classe politique, soupçonnée de complicité avec l’extérieur pour une transition bâclée.
On le subodore depuis longtemps. On a donc l’impression, que pour cela, les militaires ont décidé de siéger à des milliers d’altitude de leurs contradicteurs politiques.
Ils y plastronnent avec un regard jugé condescendant vis-à-vis de ceux qui devaient être pourtant, en dépit de tous les préjugés, des collaborateurs privilégiés pendant cette transition.
Tous les jours, les divergences entre eux s’accroissent. Les contradictions aussi. On se méfie l’un de l’autre. Mais pas question de se déclarer ouvertement la guerre. Du moins pour le moment. Mais jusqu’à quand ?
Pour l’heure, on se garde d’expressions ou d’attitudes annonciatrices, sans ambiguïté, de divorce. Car, on espère, notamment du côté des politiques, obtenir un retour à de meilleurs sentiments chez les militaires. Ça a tout l’air du bal des apparences !
Pour maintenir cette situation de ni collaboration, ni conflit ouvert, le CNRD a enfin décidé, plus de sept mois après son effraction sur la scène politique, l’ouverture d’un cadre de dialogue.
Évidemment, c’est une réclamation des partis politiques totalement, charcutée. Le cadre ainsi défini ne pourrait favoriser des échanges directs et sincères en vue de s’accorder sur quelque chose de concret devant permettre le retour rapide à l’ordre constitutionnel.
C’est du moins, en résumé, la position des principaux acteurs réunis dans le G58.
Ces partis ne veulent donc pas cautionner une mascarade qui pourrait certainement amenuiser la sanction annoncée par la CEDEAO, au-delà du 25 avril.
Conséquence, la course contre la montre pour la junte serait alors jonchée d’embûches. L’alternative pour elle, c’est de se tourner vers les actions d’éclats de séduction de la population en vue de reconquérir sa légitimité, indispensable dans ces conditions, à assurer la résilience, au cas où. Là aussi, c’est d’avance presque perdu, dit-on.
L’interpellation et l’arrestation d’anciens dignitaires du régime déchu, pour la plupart répudiés et condamnés par l’opinion, pour leur gestion jugée catastrophique, n’aura pas eu l’écho favorable souhaité, à cause de la méthode à questionner et de l’élan d’acharnement soupçonné.
Le lancement des travaux de construction de l’échangeur de Bambéto, le 13 avril, a eu, par contre, un écho favorable.
Cette action concrète, qui sera le couronnement de l’une de ces nombreuses promesses d’Alpha Condé, a bien été saluée à sa juste valeur, en attendant le début des travaux.
Cependant, c’est un leurre de penser que des éventuelles consignes de manifestations qui seront données par des politiques, d’apparence désabusés, ne seront pas suivies dans cette zone réputée foyer de tensions. Pas du tout !
Le CNRD est averti, la solution pour maintenir la sérénité et la quiétude sociale, c’est d’accepter une collaboration avec les acteurs politiques, mais non pas une compromission qui serait aussi dommageable pour la transition.
Mognouma Cissé