Depuis le choix de Conakry comme chef-lieu des rivières du sud en 1890 par les colons français, très vite elle est apparue comme un pur joyau, la perle de la côte occidentale de l’Afrique. La presqu’île de Tombo lieu de résidence des chefs colons connait un afflux et le 7 juin 1890 le lieutenant-gouverneur CERISIER met en place un plan cadastrale pour faire face aux nouveaux défis. Après l’indépendance de la Guinée en 1958, les nouvelles autorités mettent en place une nouvelle politique d’agrandissement de la ville de Conakry mais concentre le centre administratif, commerciale et le milieu des affaires à la presqu’île de Tombo et alentour. De 1958 à 2021 la population de Conakry est passée de 50. 000 à environ 2.500.000 habitants avec une densité de 5150 hbts /km2
Le réseau routier de la République de Guinée est long de 43 493 Km. Il comprend 7 000 km de routes nationales (dont 2 400 Km de routes revêtues et 4 600 Km de routes en terres), 15 513 Km de routes préfectorales et 20 980 Km de routes communautaires. La densité routière de la République de Guinée est de 2,90 Km/100 Km2 et de 1 Km pour 1 000 habitants. Avec seulement 30% du réseau routier bitumé, 54 % du réseau national qualifié de mauvais. La capitale Conakry où se concentre une grande partie de la population ne dispose pas d’une gare routière digne de nom, un parc de véhicules de transport en commun (bus) celui de Matoto est très vétuste, d’un transport ferroviaire urbain (train, Trame, métro). Il existe encore des quartiers en pleine capitale où pour y accéder avec un véhicule est tout à fait un problème. La situation du transport routier en Guinée et particulièrement à Conakry constitue un défi qui doit être rapidement résolu pour favoriser le développement des autres secteurs.
La vente anarchique des terrains à Conakry par les fonctionnaires de l’habitat, les élus, les chefs des quartiers, les coutumiers ont occasionné les constructions anarchiques. Ce phénomène a causé la destruction de plusieurs quartiers de la ban lieu de Conakry (kaporo rail en 1996, sonfonia, Nongo, cimenterie en 2010, Dimes, koloma, kaporo, Kipé en 2019). En toute impunité ils ont vendu des terrains et délivré des papiers à des pauvres citoyens qui ont consenti des énormes sacrifices pour investir toutes leurs économies. De nos jours, l’accès au logement constitue un défi pour la grande majorité des guinéens et plus particulièrement à Conakry. Un appartement de trois pièces à Conakry couterait entre 3 à 5 millions de GNF (300 à 500 euro) pour un SMIG de 440.000 GNF (40 euro) un salaire de base des fonctionnaires hiérarchie A de 1.800.000 GNF (180 euro). A cet effet un pauvre fonctionnaire ne peut pas habiter en pleine ville il est obligé de chercher un logement en haute ban lieu. Cela a poussé beaucoup des citoyens à chercher des abris dans le grand Conakry (Coyah et Dubreka) et à s’éloigner de plus à leurs lieux de travail.
La problématique du transport urbain à Conakry devient une véritable préoccupation des citoyens pauvres comme riches. Le centre administratif (Présidence, parlement, gouvernement) ambassades, centre d’affaire (marché Niger, de Madina…) cours et tribunaux, toutes les institutions de la République port, aéroport camps militaires, CHU sont concentrés sur un rayon de 13 km. Aucune politique de déconcentration, le matin tout le monde descend en ville et le soir c’est tout le monde aussi qui remonte comme un troupeau de bétail en manque de pâturage. Ce sont des milliers des milliers des conakrykas qui se retrouvent au même moment et au même endroit. Et cela s’explique par :
- manque d’une politique de déconcentration,
- manque des routes,
- manque des moyens de transports (bus, tain métro, trame)
- l’occupation anarchique des emprises des routes ;
- le manque des panneaux des signalisations au niveau des carrefours ;
- la mauvaise conduite des chauffeurs de Taxi, des motards, des tricycles ;
- la présence des policiers indélicats qui occasionnent des embouteillages pour arnaquer les pauvres citoyens ;
- la violation du code de la route par les hommes en uniformes et les détenteurs des véhicules administratifs (VA).
Ces problèmes ne restent pas sans conséquences et jouent sur le bon fonctionnement des activités quotidiennes et celui de l’administration publique et privé, ce sont :
- la paralysie de l’administration publique (beaucoup des fonctionnaires ne viennent au travail 1 à 2 fois par semaine) par manque de moyen de transport. Pour arriver au travail il faut sortir à 5h pour espérer être au centre-ville à 8h et quitter à 14 h pour renter au moins à 19h ;
- la baisse du rendement dans le travail : un travailleur qui vient au travail fatigué et très difficilement ne peut pas produire un bon résultat;
- la cherté du transport : se rendre en ville le matin devient un combat titanesque et pour rentrer le soir c’un autre calvaire;
- la montée de l’insécurité : beaucoup des travailleurs qui sortent tôt le matin sont victimes des attaques des bandits. Tous les carrefours et lieux d’embarcation deviennent des nids des petits délinquants qui retirent des téléphones, des sacs et autres objets des valeurs.
Pour résoudre la question du transport à Conakry, il faut envisager un certain nombre d’actions :
- le déménagement du centre administratif : il faut désengorgé complètement kaloum et amener certains département Ministériel et directions dans la haute ban lieu ou même dans le grand Conakry à Coyah ou à Dubréka;
- la création de corniches : Kaloum-Dixin-Ratoma-Dubréka, kaloum-Matam-Matoto-Coyah;
- l’aménagement des zones Industrielles en périphérie de Conakry : faciliter l’accès de kagbelen, de sanoyah et autres aux entrepreneurs;
- entretenir les autoroutes et bitumer les ruelles secondaires;
- installer les panneaux des signalisations à tous les carrefours;
- libérer complétement les emprises des routes;
- interdire les vendeurs ambulants des grandes circulations;
- réglementer la circulation et interdire les motos taxis et les tricycles d’emprunter les autoroutes principales;
- vulgariser les textes en vigueur sur la règlementation du transport routier: tous les usagers doivent connaitre les infractions et leurs peines;
- former et sensibiliser les policiers et syndicats des transporteurs sur leurs responsabilités ;
- mettre en place deux lignes de transports ferroviaires (kaloum- Coyah et Kaloum- Dubréka);
- renouveler le parc automobile de transport public : trouver des nouveaux bus et une bonne équipe de gestion;
La mise en place de ces solutions permettra aux citoyens de se déplacer facilement. Le gouvernement doit tout mettre en œuvre afin concrétiser le plan de déplacement urbain de Conakry (PDU). Un excellent projet dont les études ont été financé depuis janvier 2019.
Boubacar Bantignel DIALLO
Spécialiste en Gouvernance et Management Public et en TICE
En service au MEPU-A