C’est un secret de polichinelle, depuis le 5 septembre 2021, tous les regards sont tournés vers le RPG – Arc-En-Ciel qui, malgré l’opposition interne sur la direction du parti, continu de déjouer tous les pronostics.
Et pour cause, plus d’un s’attendait à voir le parti qui a dirigé la République de Guinée de fin 2010 à septembre 2021, mourir d’une belle mort, comme le PDG/RDA de Feu Ahmed Sékou Touré, au lendemain du 3 avril 1984, et du PUP de Feu Lansana Conté, après le 22 décembre 2008. Ce, quand on sait que le coup d’Etat du 5 septembre dernier a trouvé que le RPG-AEC était en cours de refondation.
Pour empêcher l’histoire de se répéter, il faut reconnaitre que le RPG-AEC a pris son destin en main, en réussissant deux choses : garder son unité et instituer un Conseil Exécutif Provisoire (CEP), dirigé par le dernier Premier ministre du Président Alpha Condé. Au RPG-AEC et ailleurs, la majorité reconnait que les responsables et militants du parti fondé par Alpha Condé ont ouvert, par cet acte, une nouvelle page de l’histoire politique de notre pays ; avoir le courage de confier les rênes du parti à une forte personnalité politique, originaire d’une autre région que celle de la Savane.
Pour les connaisseurs de la chose politique, c’est une grande leçon d’humilité que l’ancien parti au pouvoir a donné à la classe politique guinéenne, dont la quasi-totalité des formations s’identifient à la région de leurs leaders.
Ce geste tire son origine du processus politique de 2010 qui avait vu Alpha Condé remporter la présidentielle avec le ralliement de l’électorat de la Basse côte. Depuis, le Président Alpha Condé a toujours eu à ses côtés, à la tête de l’exécutif, un Premier ministre originaire de la Basse côte.
Pour faire rallier cet électorat, Alpha Condé, candidat du RPG, avait tendu la main au PUP, dont le candidat malheureux au 1er tour de la présidentielle de 2010, Feu Aboubacar Somparé, l’avait rejoint, malgré l’opposition d’une minorité, à l’époque. C’est cette main et celle tendue à l’UFR, dont le leader Sidya Touré avait rejoint le candidat Cellou Dalein Diallo de l’UFDG, mais que la majorité avait rejoint le candidat Alpha Condé qui l’ont permis de remporter le tonitruant scrutin de 2010.
Ce soutien de la Basse côte, plus important réservoir électoral du pays, Alpha Condé a tout mis en œuvre pour ne plus le perdre, ouvrant les instances du RPG à toutes les obédiences politiques des quatre coins du pays, en général, et de la Basse côte, en particulier ; plusieurs partis se sont dissouts dans le RPG pour créer le RPG-AEC.
A la clé, un partage du pouvoir à la tête des différentes institutions républicaines.
Si le choix du dernier Premier ministre d’Alpha Condé, en la personne d’Ibrahima Kassory Fofana, est soutenu par la majorité des responsables et militants du RPG-AEC, la minorité qui s’y oppose ne semble pas baisser les bras, au nom du non-respect des textes qui régissent le parti. Un parti dont le Bureau Politique National (BPN), l’instance supérieure, a décidé de la mise en place d’un CEP et du choix de l’ancien Premier ministre pour le présider.
En choisissant Kassory Fofana, le RPG-AEC répond à deux soucis. Le premier, est le choix d’une forte personnalité politique issue de ses rangs qui puis représenter le parti en cette période de transition, d’une part, et rassurer les militants et sympathisants que le parti est et demeure présent sur l’échiquier politique national. Le second souci est que cette personnalité politique provienne de la Basse côte qui, depuis l’accession du Président Alpha Condé au pouvoir, s’identifie au RPG-AEC du fait que son président prend les aspirations en compte dans toutes ses prises de décisions.
Alors, le BPN du RPG-AEC n’a-t-il pas vu juste de miser sur l’ancien Premier ministre pour garder l’encrage politique national du parti ? dans cette dynamique, les responsables du parti entendent aller loin, prévoyant ce 31 mars 2022, l’organisation d’une Convention nationale extraordinaire pour parachever le processus en cours.
En tout cas, le choix de Kassory Fofana est perçu aujourd’hui en Basse Guinée comme un retour à l’ascenseur du soutien apporter au Président Alpha Condé. Également, il ouvre des perspectives rassurantes quand aux prochaines joutes électorales pour le RPG-AEC.
Depuis la décision de mettre en place ce CEP, l’horizon s’éclaircit sur le destin à venir du parti. Les militants et sympathisants se réveillent peu à peu, malgré quelques distensions internes.
Cheick A.T. Diallo