Le montant du préjudice subi par la SEG est faramineux. Il s’élève à plus de 30 milliards de Francs guinéens ! Dur dur en ces moments de vaches maigres. Mais c’est aussi cela qu’il va falloir gérer avec ces travaux de réaménagement des voiries urbaines dans la capitale, pourtant utiles au désengorgement de Conakry, mais qui ont créé d’énormes difficultés d’accès à l’eau potable fournie par la SEG dans certains quartiers du Grand Conakry.
C’est pratiquement toutes les communes de la capitale et ses villes périphériques qui sont impactées. Partout où les entreprises chargées de l’exécution de ces travaux routiers sont en activité, tout le réseau de distribution d’eau de la SEG connaît un arrêt. Les travaux sont carrément rentrés dans les installations de la SEG.
Conséquences, conduite principale détruite, tuyau d’adduction perforé, rupture dans les voies d’approvisionnement en eau ; entraînant une privation de plus de 30,000 foyers en eau potable. C’est énorme.
Selon le constat des experts, les installations de la SEG à travers la capitale sont dans un état de détérioration très poussé du parc des abonnés, du réseau secondaire et tertiaire de distribution de l’eau potable dans les foyers.
Cette situation s’aggrave de jour en jour. L’état de dégradation a une incidence fâcheuse sur le chiffre d’affaires de la SEG. Le désagrément que cela a induit auprès des populations déjà très éprouvée par la crise d’eau qu’elle traverse depuis un certain temps est, pour ainsi dire, inqualifiable.
A titre indicatif, les professionnels du secteur indiquent que sur les 9 agences commerciales que compte la Société des Eaux de Guinée (SEG-SA), les travaux routiers ont dégradé 36.584 abonnés. Tenez vous bien ! Depuis que ces dégradations sont survenues, les comptes clients de la SEG sont privés d’une entrée de recette de près de 4 milliards 900 millions de francs guinéens, soit près de 50 milliards de GNF.
Comme on le voit, le manque à gagner est colossal.
L’autre casse-tête de la Direction générale de la SEG c’est bien ces casses de branchements et de conduites secondaires et tertiaires qui ont également engendré d’énormes pertes d’eau dans la nature qui n’ont pu être consommées, facturées et recouvrées. A ce niveau, les pertes se chiffrent en volume et en monnaie à plusieurs milliards de nos francs.
C’est l’ensemble des principaux secteurs qui ont subi ce désastre, obligeant les populations à une véritable corvée pour trouver cette denrée précieuse loin de leur base.
En terme de chiffre, c’est plus de 18 milliards de francs guinéens que la SEG ne pourra pas engranger dans l’immédiat, du fait des dégâts causés par la destruction des principaux canaux de ses installations par ces travaux routiers, qui, je l’ai souligné, sont bénéfiques mais causent de dégâts incalculables au réseau de la SEG un peu partout dans les communes de Conakry.
Un chiffre d’affaires en baisse de près de 32% pour la SEG.
Le schéma directeur d’installation des lignes de distribution d’eau existe pourtant. Et il est connu sur les paramètres Nord- Sud et Est-Ouest de Conakry.
En plus, il est disponible et peut être consulté pour tous travaux devant indiquer les zones neutres. Ce schéma directeur d’installation a été conçu pour permettre d’éviter les énormes gâchis sur la destruction des œuvres déjà opérationnelles.
La SEG, malgré ces difficultés, se met à l’œuvre pour sortir les populations impactées de cette passe difficile, afin qu’elles reviennent le plus rapidement possible dans le programme d’approvisionnement en eau.
Invite est donc faite aux populations de l’ensemble des populations du Grand Conakry, de veiller sur les différents acquis, pour ne pas revenir, toujours à la case départ.
Pour sa part, l’État guinéen devra délier le cordon de la bourse pour permettre à la SEG de se remettre sur le bon pied, afin d’améliorer davantage ses performances, car l’eau c’est la vie.
Au cours du récent Forum sur l’eau tenu à Conakry, un montant de 655 millions de dollars a été accordé à la Guinée par les partenaires techniques et financiers pour résorber la question de l’eau.
Aujourd’hui, l’État doit mettre tout en œuvre pour le décaissement de cette manne financière. Parce que, soit dit en passant, la protection et la sauvegarde des installations relèvent du domaine strict de l’Etat.
En ce qui les concerne, les populations apporteront leur part de surveillance et de retombées des informations en temps réel pour faire valoir les alertes manifestes sur toute irrégularité constatée qui ne serait pas des prérogatives de la SEG.
C’est cette prise de conscience et ce caractère citoyen qui devrait être le principal atout pour la survie et la pérennité des œuvres entreprises par le Directeur général Aboubacar Camara depuis son arrivée à la tête de la SEG. Toujours fidèle à son crédo : innover pour mieux servir la Guinée.
Ibrahima Diallo, journaliste et écrivain