Le fait est inédit. C’est le Président de la junte qui l’a permis. La suspension au gout d’une mise à la porte de deux responsables au sommet de l’État, qui se sont livrés au scandale dans les médias.
Tout est parti d’un coup de gueule du Procureur Général contre les agissements du haut commandant de la Gendarmerie nationale. Ce magistrat habitué des sorties clinquantes et fracassantes fera une mise en garde contre Le colonel Balla Samoura, qui, selon lui, se prélaverait indument du titre d’OPJ, avec toutes les conséquences y afférentes.
La vérité ainsi assénée au colonel de la gendarmerie accusé d’usurpation de titre, de violation de procédure et d’abus d’autorité, va provoquer un véritable coup de massue. La Présidence en sera ébranlée, apprend-on.
En effet, elle prendra des initiatives en direction des deux protagonistes, mais en vain. C’était pour estomper cette frénésie verbale qui déteint de façon irréfragable sur l’État. Car, elle met en mal une volonté constamment exprimée par les dirigeants du pays, mais déjà très éprouvée. A savoir celle qui consiste à faire de la justice la boussole de sa gouvernance. Au contraire, cet affrontement entre deux personnalités fortes de cette transition dévoile au grand jour la fébrilité d’un régime confronté à la réalité du pouvoir.
Cette autre sortie de ces deux responsables, le lendemain dans les médias, était l’exercice de trop qu’il ne fallait pas tolérer. Et le colonel Président, sans barguigner les confondra à leurs forfaitures.
Le procureur général qui avait pourtant raison, mais qui a cependant l’art d’avoir tort, va logiquement payer pour son excitation habituelle et pour son inexpérience doublée de sa jeunesse. Il est suspendu par le ministre de la justice, dans un acte, pour le moins reprochable, empreint de zèle, qui viole toute la procédure en la matière, notamment le principe sacrosaint du contradictoire.
Pour être juste, le colonel qui se croyait insubmersible, va subir le même sort. Qui l’eut cru. Suspendre un des dignitaires du pouvoir, membre influent du CNRD qui a fait le coup d’État.
Par-dessus tout, ce sont des décisions à la fois courageuses et justes, peu importe les caricatures et des détails tendancieux des adversaires que le pouvoir, de toute évidence, s’est inutilement créés.
D’autres sont avertis pour savoir que le colonel Président est sans état d’âme contre les actes d’abomination de son régime, de qui qu’ils viennent.
Pour se résumer, les deux responsables sanctionnés ont fait les frais de leur naïveté et de leur narcissisme. Plus qu’une avanie pour eux.
Mognouma