Deuxième jour de comparution du témoin Abderrahamane Zetiyenga, celui-là même qui avait discuté avec le président Thomas Sankara quelques jours avant son assassinat au sujet de la crise entre les quatre chefs historiques de la révolution burkinabè.
Avec notre correspondant à Ouagadougou, Yaya Boudani
Pour la confrontation, ils étaient trois personnes à la barre. Le général Gilbert Diendéré, le témoin, l’adjudant-chef major Abderrahmane Zetiyenga et Ninda Tondé, celui qui a tenté de convaincre le témoin de faire un faux témoignage. La confrontation entre le général Gilbert Diendéré et son ex-adjoint, l’adjudant-chef major Abderrahamane Zetiyenga, était houleuse face au tribunal. L’ex-bras droit de Blaise Compaoré a rejeté toutes les déclarations du témoin.
Droit dans ses bottes, le général Gilbert Dienderé a rejeté toutes les accusations portées contre lui. « N’aviez-vous pas pris l’initiative d’arrêter le président Sankara ? » demande le président de la chambre dès le début de la confrontation. « Cela est totalement faux. Je n’ai pas pris cette initiative », répond le général Gilbert Diendéré.
« Aviez-vous lu la lettre rédigée par le président Sankara ? », poursuit le procureur militaire. « Non, je l’ai pas vue », lance le général Dienderé. Aussitôt le témoin renchérit : « Je regrette vraiment ce que le général dit. Il a bel et bien lu cette lettre », persiste l’adjudant-chef major Zetiyenga.
« Tentative d’arrestation qui aurait mal tourné »
Le procureur militaire relate que selon l’accusé, durant une réunion dans la matinée du 15 octobre, le général Diendéré n’aurait pas dit un seul mot. Déclaration rejetée par l’accusé.
« Qu’il nous dise alors ce qu’il a proposé pour désamorcer la crise ? » demande le témoin. « Je n’ai pas fait de proposition car j’ai estimé que ce n’était pas à nous de trouver une solution à ce problème », réplique Dienderé.
« Mon général, insiste Me Prosper Farama, l’un des avocats des parties civiles, n’aviez-vous pas expliqué aux soldats au rassemblement du 16 octobre 1987 que c’est une tentative d’arrestation qui aurait mal tourné ? »
« Oui, mais c’est Nabié N’soni, l’un des assaillants qui me l’avait confié quelques heures après les coups de feu » répond le général Gilbert Dienderé.
Bataille verbale
Me Olivier Yelkouni, l’un des avocats du général Diendéré, s’étonne que le témoin n’ait pas prévenu la sécurité du président Sankara alors qu’il était déjà informé du projet d’arrestation. « À l’époque, je n’avais pas de moyens de communication et il était difficile de confier cette mission à un soldat », souligne le témoin.
Pendant des heures, le témoin et les deux accusés se sont livrés à une bataille verbale. Obligeant parfois le président du tribunal à intervenir pour recadrer les débats.
Pour Me Prosper Farama, ce témoignage est la preuve que le général Gilbert Dienderé est impliqué dans le coup d’État d’octobre 1987.
Me Olivier Yelkouni, l’un des avocats du général Gilbert Dienderé, qualifie de « douteuses » les déclarations du témoin.
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