La Guinée malgré ses toutes potentialités économiques, les guinéens vivent dans une pauvreté insupportable. Pourtant chaque jour, certains de nos gouvernants à coup de rencontres, de colloques, de conseils ministériels ou de réunions de cabinet se disent à la recherche de solution pour endiguer la pauvreté dont eux-mêmes sont souvent à la base. Comment expliquez-vous que certains de nos gouvernants parlent « d’Indépendance économique », ou de« prospérité partagée » par biais de discours pompeux et de rencontres internationales sans se référer aux réalités endogènes de l’écosystème entrepreneuriale guinéen beaucoup trop envahis par les « Champions Nationaux Etrangers » qui n’assurons jamais le développement inclusif de la Guinée.
Aujourd’hui la réalité que j’y constate en tant que propriétaire d’un Think Tank citoyen œuvrant dans la promotion de l’investissement et de l’écosystème entrepreneuriale en Guinée et en Afrique de l’Ouest est que les « Champions Nationaux » en Guinée sont détenus par les acteurs étrangers qui rapatrient leurs dividendes sans frottement fiscal. Grace à l’internationalisation de la finance, qui a profondément modifié la structure capitalistique et surtout grâce au code d’investissement guinéen hyper-avantageux voir complaisant face aux investisseurs étrangers ; la Guinée est devenu un eldorado voir une destination privilégié de tout genre d’investisseurs étrangers y compris parfois des pseudos-étrangers qui excellent dans les activités douteuses, propices au blanchissement des capitaux.
Est-il difficile de faire savoir à un gouvernant sérieux que l’absence d’entrepreneurs locaux leaders dans les secteurs d’activité névralgique d’une nation est l’une des premières causes devrais-je dire la cause primordiale du non développement inclusif de notre pays ? Est-il difficile de faire comprendre à un gouvernant patriote qui aime la Guinée et son développement économique ? Que notre écosystème entrepreneurial est envahi par des « Champions Nationaux » qui sont détenus par les étrangers. L’idée que je défends dans cette contribution scientifique est qu’avec les « Champions Nationaux » détenus par des entrepreneurs guinéens ; la richesse produite par ceux-ci serait en grande partie dépensée à l’intérieur des frontières guinéennes, profitant ainsi aux populations du « Bas de la pyramide ».
De même, avec leur expansion régionale, ces champions guinéens rapatrieraient des dividendes, qui constituent une richesse additionnelle pour le développement de la Guinée. L’autre pan de l’importance de créer les vrais Champions Nationaux Guinéens est de répondre à la faible industrialisation des différents secteurs d’activité en Guinée, un atout favorable au développement inclusif.
Au Maroc, grâce à la politique de Marocanisation du monde des affaires prôné par le Roi, le Maroc a identifié et aidé ces « Champions Nationaux » qui ont crée assez d’emplois au royaume chérifien. Et le Maroc est aujourd’hui à la phase de l’internationalisation c’est pourquoi les champions nationaux comme (Attijariwafa Bank, Maroc Telecom, ADDOHA, IQTANE, OCP, SNI, BMCE Bank, Akwa etc.….) sont à la conquête du marché africain. En Cote d’Ivoire, grâce à la politique économique du Président Alhassane OUATTARA, vingt-Neuf (29) entreprises sont identifiées comme des « Champions Nationaux » Ivoiriens et soutenus véritablement par des banques avec l’appui de l’exécutif.
Au Nigeria, grâce à une politique économique audacieuse soutenue par l’Etat, de puissants entrepreneurs locaux ont émergé dans l’industrie, la finance et les hydrocarbures ce qui à permis la répartition de la richesse en dépit des troubles sécuritaires qui subsistent aujourd’hui. En Afrique du Sud, la politique de rattrapage économique postapartheid (Black Economic Empowerment) a favorisé l’émergence d’entrepreneurs noirs fortunés qui a profité et qui continue de profiter aux classes défavorisées noires. Au Cameroun, où les entrepreneurs locaux à succès sont nombreux, on ne peut pas affirmer que cela ait réduit significativement le taux de la pauvreté, mais ce qui reste clair celui-ci est en dessus de la moyenne africaine (23, 8% en 2014).
Construire les « Champions Nationaux Guinéens » avec des entrepreneurs guinéens sur toute la chaine économique soutenus par un secteur bancaire national fort et un exécutif visionnaire :
Il faut impérativement une synergie entre l’Etat et la banque pour faire émerger les « Champions Nationaux » détenus par les guinéens. Pour ceux qui ne sont pas du domaine, les champions nationaux, sont tout court des entreprises nationales compétitives à l’international, potentiellement capables de participer au développement de leur pays d’origine et qui bénéficient d’une forme de traitement favorable de la part du pouvoir politique.
Aujourd’hui plus que jamais il faut nos entrepreneurs locaux pour faire émerger notre pays la Guinée. Il faut que la Guinée d’aujourd’hui s’inspire de l’Allemagne du XXIe siècle. En Allemagne une politique publique reposant sur la banque et l’Etat a favorisé l’émergence de groupes ayant pour objectif de rattraper le retard industriel de l’Allemagne. Ces derniers ont ensuite bénéficié du protectionnisme de l’Etat dans une logique de souveraineté nationale à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale. Au lendemain de ce conflit, le Japon a crée des entreprises publiques pour développer des pans entiers de l’économie. Ces champions nationaux (ZAIBATSU) se sont constitués ensuite par la privatisation de ces entreprises publiques.
L’avantage avec les champions nationaux guinéens, s’ils sont identifiés et accompagnés par l’Etat, ils sont capables de créer assez d’emplois en Guinée et seront de véritables contribuables de l’Etat.
Qu’attendons-nous encore !
PAUL KAMANO
Activiste Engagé et Ecrivain