Les putschistes ont souvent la prétention de redresser une situation putride, laissée par un régime déchu condamné par une opinion désabusée.
Pour ce faire, ils se veulent généralement à cheval sur des fronts qui ont une résonance dans l’opinion et qui peuvent conforter une légitimité désormais volatile, mais qui était pourtant d’une ampleur considérable après le coup d’Etat.
Une volonté ardente qui va très vite se buter contre la réalité du pouvoir. L’objectif visé va amener les plus optimistes à la prise du pouvoir, à se raviser pour devenir trop prudents, à la limite, inquiets.
Cela, à cause de démarches dénuées de toute bonne manière. Pire, parfois, empreintes d’une bonne dose d’arrogance et de mépris.
Cette description est loin d’être une caricature de la réalité Guinéenne du moment.
Depuis le coup d’État du 05 septembre, que de bonnes intentions. Que de profusion de bonne foi ! Que d’actions menées sur tous les fronts !
Mais, pour l’heure, c’est toujours de l’expectative. Plus grave, la méthode va édulcorer à jamais la volonté de bien faire des autorités.
Pour le cas de la récupération des biens et du patrimoine foncier de l’État, c’est le Président, lui-même, qui va s’interroger sur la méthode.
Lors du dernier conseil des ministres qui s’est tenu le jeudi 24 mars, le colonel-Président, qui a ainsi joué à l’innocent alors que c’est le CNRD dont il est aussi le patron, qui a tout décidé, va demander à ce qu’on procède au cas par cas.
Des jours après, le Patrimoine bâti-public, qui semble fonctionner ; hélas, aux humeurs du chef, fera sa mue, comme on en a autant vu dans le pays sous le règne de la personnalisation du pouvoir.
Le patrimoine bâti-public va ainsi publier une liste de personnes précédemment sommées de quitter leurs domiciles, désormais déclarées ne plus être concernées par l’opération.
Plus qu’un mea-culpa, cela peut paraître comme une remise en cause de l’une des actions phares de la transition.
Il reste encore des plus intrigants. L’État assigné en justice dans le même dossier, risque de perdre la face.
Ce sera le petit sacrifice pour atténuer les ardeurs, faire baisser la tension, contenir les agitations dans le camp de ceux qui sont pourtant décidés à ne reculer devant rien, afin de calmer la cité.
Rien de nouveau sous les tropiques. C’est du déjà-vu ! Cependant, venant de ceux qui ont décidé de se couper de tout le monde sous prétexte d’avoir la liberté sans contrainte de tout changer, cela étonne et inquiète.
L’incartade risque alors de se déteindre sur la transition, sauf si les dirigeants acceptent de se concentrer sur l’essentiel, qualifier leurs façons de faire, puis informer et sensibiliser la population sur un agenda clairement défini, devant permettre le retour rapide à l’ordre constitutionnel.
Mognouma Cissé