Déclaration solidaire de la Communauté des Bissikrimakas en faveur d’une Contournante pour sauver la vie et la rendre saine à Bissikrima.
« Mon père, un jour, en m’embrassant fut saisi d’un tressaillement que je crois ressentir encore aujourd’hui : « Jean-Jacques, me disait-il, aime ton pays ». C’est un grand bonheur ce jour saint de Ramadan, de pouvoir nous acquitter d’un devoir de mémoire et d’éthique de responsabilité, de vous informer, vous nobles passeurs de l’information et formateurs des consciences, au sujet des questions primordiales qui préoccupent tout citoyen de Bissikrimaka : sauver la vie et la rendre saine, pour aujourd’hui et pour demain.
- Nous voudrions vous informer à la suite de nos respectueux dirigeants qu’un Mémorandum a été rédigé par les ressortissants de Bissikrima, en Novembre 2021 déjà, pour plaider pour la construction d’une Contournante d’environ 2100 mètres pour sauver la vie et la rendre saine. Ce Mémorandum porte la marque d’une si forte expression d’amour pour leur village natal, au cœur de la Guinée : la Commune rurale de Bissikrima peuplée de plus de personnes.
Situation géographique.
- La Sous-préfecture de Bissikrima est une commune rurale agropastorale « Refuge du pèlerin ». Dynamique économiquement et riche culturellement en raison de sa diversité ethnique, il semble que c’est la commune la plus métissée de la République de Guinée à l’instar de la capitale Conakry, et ce depuis le début du XXème siècle. Avec un accroissement d’étrangers non africains (syriens, libanais, grecques) qui excellaient dans le commerce et qui y ont fait leur refuge définitif.
- Bissikrima est la porte d’entrée au Nord par la ville sainte de Dinguiraye à 80 km, à l’Est par la Préfecture de Kouroussa, ville natale de Camara Laye l’auteur de « L’enfant noir » à 90 km et à l’Ouest par la Préfecture de Dabola à 23 km dont elle dépend administrativement depuis la première décennie de l’indépendance. Les vastes plaines, abondamment arrosées en saison pluvieuse, sont les limites Sud parsemées de petits villages agricoles et maraichers, baignés par le généreux bras du fleuve Tinkisso. Des questions primordiales qui préoccupent tout citoyen guinéen et surtout de Bissikrima.
- Le mémorandum porte sur la Contournante et la Route nationale, le schéma d’aménagement Bissikrima Centre du Gouvernement sur financement de la Banque Islamique de Développement. C’est une somme d’une cogitation sereine et responsable entre des ressortissants de la Sous-Préfecture de Bissikrima, pour un partage d’information citoyenne des nombreux ressortissants de cette localité vivant dans la région de Conakry et dans la Diaspora. Les différents Procès-verbaux de différentes réunions avec des listes des participants à disposition en témoignent.
- Pour des raisons de redevabilité, nous nous autorisons de citer de Mémoire un des fils ainées de Bissikrima donc d’exprimer ici une opinion libre sur ces questions primordiales qui préoccupent, partant de notre expérience, dans le souci d’apporter une modeste contribution aux réflexions et aux démarches de tous et de chacun, pour l’édification pacifique d’une Guinée libre, prospère et fraternelle, conforme à sa devise Travail-Justice-Solidarité. » et dans le sillage des 5 valeurs du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) :
Vérité, Pardon, Justice, Réconciliation, Partage.
- Bissikrima jouit actuellement d’un important stock de compétences et d’expertise. Ce capital humain et intellectuel le plus précieux que compte la Sous- Préfecture est volontairement engagé dans le combat du siècle pour se sauver et sauver toute la société, de refuser de tomber dans le « trou noir » en faisant recours à l’intelligence là où la ruse, la force politique et la marginalisation de la communauté ont échoué.
Pour une Contournante dans la Sous-Préfecture de Bissikrima qui préserve son intégrité intégrale et pour une intégration ouest-africaine socio-économique, politique et culturelle vers le Mali
- Nous nous sommes donc résolument engagés dans le combat pour l’avenir de la Sous-préfecture, pour sa Santé et la Santé de la Nature. Dans les scénarios contradictoires en présence pour l’aménagement de la Route nationale Bissikrima Centre en faveur du Scénario à visage humain, c’est-à-dire la contournante.
Des experts nous ont 2parlé d’un trafic automobile étourdissant de plus de 2.500 par jour sur le tronçon Dabola-Bissikrima-Cisséla.
- Ce Combat pour la vie saine, « pour l’avenir de Bissikrima et la santé des populations et de la nature, ne sera pas gagné uniquement à partir de procédures politiques ou juridiques, de recettes techniques ou fiscales, d’accords internationaux, si solennels soient- ils, mais par un sursaut de la société mue par les ressorts puissants du symbolique, de l’éthique et de l’esthétique. D’où la mobilisation de la communauté de Bissikrima et de sa Diaspora qui témoignent de leurs relations en tant que promoteurs de vivre en paix dans la santé mentale, physique et environnementale.
« Seul le riverain d’un fleuve en connait véritablement la profondeur » Cette sagesse africaine se vérifie aujourd’hui avec le scénario 2 relatif à la contournante considérée à juste raison comme la contournante des malheurs d’une communauté qui se bat contre la pauvreté, qui aspire à la paix et au développement dans la solidarité et la justice.
En voici quelques raisons d’une importance capitale de la Contournante :
- L’intégrité de la petite ville est préservée même si « la pauvreté est la richesse de ce peuple » ;
- La ville de Bissikrima a bénéficié depuis la restructuration administrative d’un lotissement urbain qui anticipait son évolution et de centre économique
(1905-1910) ;
- Le centre-ville est le reflet de cette disposition. Ce qui distingue Bissikrima de beaucoup de communes rurales ;
- Au-delà de l’agrandissement de la ville par la création de cette contournante, elle permet à l’Etat de projeter son expansion urbanistique et son développement de manière plus structurée et plus verdoyante, avec des parcs et des espaces de jeux pour les enfants. Surtout avec la création d’une bretelle de liaison entre la contournante et l’ancienne route;
- La sécurité des populations est préservée, ainsi que celle des enfants des écoles ;
- La fluidité de la circulation est renforcée ;
- Une nouvelle zone économique se met en place pendant le marché hebdomadaire.
- Dans son avertissement, l’historien africain nous invite-t-il à répondre à l’injonction du proverbe africain : « Il faut creuser les puits d’aujourd’hui pour les soifs de demains. »
Rien ne peut nous consoler du fait que les cimetières de Bissikrima sont remplis de morts d’accidentés graves de la route qui traverse Bissikrima dans le centre-ville, sur la route nationale N°1, dont on parle tant pour son agrandissement, soit de 7m des deux côtés, ou de 14 m du côté droit au Sud.
- Pour les deux cas de figure il s’agira d’éventrer gravement le centre-ville en démolissant des infrastructures à haute valeur de patrimoine historique, classées comme plan cadastral de haute importance à l’époque coloniale et considéré comme tel sous l’indépendance de la Guinée. En évaluant sommairement ces deux scénarios les dangers insoutenables suivants sautent aux yeux :
. La mort du grand marché hebdomadaire le dimanche où accourent les commerçants de toute
la sous-région ;
. L’étouffement des écoles trop rapprochées de la route (2 écoles primaires, 2 collèges et un Lycée Franco-arabe) : dangers permanents qui guettent les jeunes écoliers
. la réduction de la surface du marché existant, déjà très étroit ;
. la destruction partielle de la gare routière ;
. la destruction de plusieurs magasins autour du marché;
. la multiplication des scènes de violences et de la criminalité et de l’insécurité routière du fait de l’extension de la route nationale ;
. Disparition de l’esplanade de la Mosquée et de son Podium et augmentation des risques d’accidents ;
. Disparition de la moitié de la gare-voiture. Alors que depuis des années, l’affluence du trafic est croissante et que l’étroitesse de cet espace est un souci cornélien, toujours pendante ;
. Disparition d’une partie de la cour de la Poste et télécommunications. Or ce bâtiment est un patrimoine historique, centenaire ;
. Une partie de la cour de la vieille école dite Ekoleba – la grande école, édifice mémoriel érigé dans les années 1920, et son annexe pour suppléer au déficit de places disparaitra. Dans cette école étudièrent ou professèrent les premiers hauts cadres du pays, fondateurs de l’Etat moderne guinéen, dont :
Ali Bocar Maréga, Mamadi
Kéîta, Kouramoudou Doumbouya, Aboubacar
Doukouré, Diop Ibrahima, M. Delacourt, M. Albert
Diallo, Elhadj Abdoulaye Diallo dit « Ghana »,
Diawadou Barry, Kélèfa Kéìta et bien d’autres compagnons célèbres de l’indépendance
Guinéenne.
. Cette école historique, instrument de la paix et de la culture de la paix, disparait alors que
l’historien Africain, Pr Joseph Ki-Zerbo, et premier enseignant africain ayant pris la relève pour sauver la Guinée du péril après le sabordement de l’enseignement, en 1958, par les français, a écrit un bréviaire « Eduquer ou Périr », comme guide pour combattre l’ignorance ou la maladie de l’esprit. Et le manque cruel d’écoles et la nécessité d’avoir des écoles est virale dans la Sous- Préfecture de Bissikrima.
. La proximité d’une route internationale élargie aux dimensions envisagées (7m de chaque côté ou, carrément, 14m du côté des symboles sociétaux) et la mobilité des jeunes élèves mettent en péril constamment leur vie. Cet environnement est d’autant plus répressif qu’un marché hebdomadaire se tient tous les dimanches et c’est aussi le jour de toutes les rencontres et les échanges de marchandises, et de ventes d’animaux et commerces de tous genres dans l’environnement immédiat de l’école.
En guise de conclusion provisoire : Les considérations qui précèdent espèrent avoir fourni à vous et à nos nouvelles autorités qui sont attentifs aux valeurs cardinales de la vie en harmonie, des points d’ancrage dans notre lutte pour couver comme un œuf le don précieux de la vie, c’est-à-dire de la beauté dans notre commune qui guérit et qui transfigure. Les voix de nos devanciers et de nos contemporains méritent d’être écoutées. Ces voix sont des voies d’aujourd’hui. Voix d’outre-tombe et voies pour demain…
Bref, des voix innombrables insistent sur la nécessité de suivre la voie correcte et juste pour la marche du monde. Hésiode écrit : « Quand les hommes font la justice et ne s’éloignent pas du droit sentier de la vérité, leur cité fleurit et ils sont 10 libérés de la guerre et de la famine. Pour eux la terre produit des éléments à profusion.»
Qu’Allah bénisse et protège les bâtisseurs de la cité de Bissikrima au cœur de notre mémoire.
Amen.