Le Fonds National pour l’Insertion des Jeunes (FONIJ), est un établissement public à caractère administratif, placé sous la tutelle du ministère de la jeunesse. L’objectif principal de ce fonds, est de favoriser l’intégration des jeunes dans le processus du développement socioéconomique du pays. À travers des projets déjà réalisés et en cours de réalisation aussi bien à Conakry qu’à l’intérieur du pays, ce sont des milliers de jeunes guinéens qui sont soutenus, accompagnés et suivis à travers des formations, financement pour la mise en place et l’exécution de leurs projets.
Mais quelles sont les missions du FONIJ ? Qui peut bénéficier de cet accompagnement ? Quelles actions déjà menées ? Comment se passe l’accompagnement et le suivi des bénéficiaires ? Quelle nouveauté apportée depuis l’arrivée de la nouvelle équipe ou encore des perspectives à court, moyen et long terme ? Ce sont entre autres questions que le responsable suivi et évaluation au FONIJ, tentera de répondre dans cette interview exclusive.
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Lengo224.com : bonjour M.TOLNO! Parlez-nous du FONIJ, sa mission et ses attributions ?
Tamba Michel TOLNO : concrètement, le FONIJ soutient les projets de développement présentés par des jeunes, qui sont générateurs de revenus mais qui peuvent créer des emplois. Nous soutenons également des programmes qui peuvent améliorer l’employabilité des jeunes. Pour atteindre cet objectif, nous avons des missions et attributions comme promouvoir l’esprit d’entreprise chez les jeunes. Soutenir et financer les projets soumis par des jeunes, des formations qualifiantes. D’assister les jeunes dans la mise en œuvre de leurs activités qui génèrent les revenus et qui créent des emplois. Nous ne nous limitons pas là, le FONIJ finance aussi, en octroyant des crédits aux jeunes pour permettre de mener correctement leurs activités. On vous donne de l’argent selon le coup de votre projet que vous rembourser au FONIJ à zéro franc d’intérêt. Nous intervenons également dans l’assistance des structures institutionnelles qui mettent en œuvre des programmes qui concernent l’insertion des jeunes. C’est dans ce cadre que le FONIJ est intervenu dans le projet BOJEG, où nous avons la charge, l’exécution de la piste entrepreneuriale qui avait pour objectif, de former les 100 jeunes, et de sélectionner 25 puis d’installer 10. C’est pour vous dire que même les projets qui ne sont pas du FONIJ, mais assiste ceux(projets) qui ont été initiés par d’autres structures, nous les appuyons. Et les mêmes missions, il est prévu que le FONIJ assiste des collectivités territoriales dans la mise en œuvre des programmes qui concernent l’insertion socio-économique et professionnelle des jeunes.
Quelle est la cible du FONIJ et comment se fait la sélection ?
Ce sont les jeunes scolarisés, déscolarisés ou autres dont l’âge varie entre 15 à 35 ans. Des jeunes diplômés sans emploi de l’enseignement professionnel et techniques âgés de moins de 35 ans, mais aussi ceux diplômés sans emploi de l’enseignement supérieur âgés de 35 ans. Cela m’amène automatiquement à aborder la notion des services que le FONIJ offre. Principalement, nous offrons deux (2) types de services, financiers et non financiers. Parlant des services financiers, on reçoit tout le monde au FONIJ, dès qu’on est jeune, selon la fourchette d’âge que j’ai cité ci-haut. Lorsque le jeune veut être accompagné par notre structure, ce qu’on lui demande, c’est de venir avec un plan d’affaire ficelé ou juste avec une idée de projet. Pourvu qu’il a l’idée et la volonté d’entreprendre, mais qu’il ne sait pas comment s’y prendre. Lorsque vous arrivez, on vous reçoit à travers nos services dédiés aux formations et conseils. Ces services les reçoivent pour leur donner tous les conseils nécessaires et c’est de là que va germer l’idée que vous avez. Il y en a même qui viennent avec 5 à 6 idées et on a des outils qui peuvent nous aider à sélectionner les meilleures parmi ces 5, ce qu’on appelle le tri. De là, on l’aide à élaborer les documents, comme le plan d’affaire, le modèle économique et tout ce que vous pouvez imaginer afin de lui donner la possibilité d’aller créer son propre entreprise. Mais ça ne se limite pas là, car c’est bien vrai qu’il a formalisé l’entreprise mais il ne devient pas automatiquement entrepreneur. C’est à partir de là que le deuxième service que fourni le FONIJ, qui est celui financier, va être déclencher. Ce service va vérifier fondamentalement le contenu de son plan d’affaire, pour savoir le coût et la rentabilité (…). Suivant la moralité, on vous donne un financement par nature et on part signer une convention avec un prestataire qui va vous livrer ce matériel, sans que vous ne touchez la liquidité. Si votre entreprise doit être loger dans un local, on vient on paie le montant au propriétaire. Il y a des cas où on donne carrément l’argent en espèce aux jeunes. Ou encore, par suite d’une convention, on vous envoie vers une banque qui vous donne de l’argent.
Les actions déjà menées par le FONIJ ?
Il faut déjà dire que nous avons eu à accompagner en 2022 des jeunes dans la région administrative de Kankan. Ils ont été identifiés dans les préfectures qui composent cette région pour les amener à Kankan centre. Ces jeunes ont suivi une première formation de trois (3) jours en initiation à l’esprit d’entreprise. Un concours a été organisé par la suite au cours duquel, 16 personnes ont juste été retenus qui devraient bénéficier des services techniques, c’est-à-dire la formation pendant un mois pour les outiller et les accompagner après. Cet accompagnement tourne autour de 480 millions de francs guinéens pour les 16. Quant au projet, le plancher était entre 19 à 20 millions et le plafond à 35 millions pour chacun. Le deuxième cas, on est venu à Labé. Là, l’activité n’était pas un financement, mais il fallait aussi sélectionner les jeunes dans les différentes préfectures. Mais cette fois-ci, on s’est concentré à l’Université Hafia où les jeunes ont été sélectionnés et formés sur le comment présenter leurs projets. Ensuite, nous les avons mis en contact avec les bailleurs qui viennent et qui sont intéressés par leurs projets. Cela est également une forme d’accompagnement, parce qu’on a créé des opportunités aux jeunes pour les permettre d’avoir de l’argent. À part ceux (projets) cités, il y a en 2019, où le FONIJ a accompagné des jeunes des communes de Conakry et Dubréka. Là aussi, ils sont au nombre de sept (7) et le financement était à cent millions de francs guinéens (100 000 000 gnf). Ça c’est moins les frais de formation parce qu’elle a été (formation) gratuite. Ajouter à tout ceci, le FONIJ a développé un certain nombre important de projets ici. Il (FONIJ) a accompagné plus de 800 jeunes, et un autre où on a touché près de 1 200 jeunes dont 8000 ont été insérés. Avec le projet démarrage, il était prévu au début d’accompagner 25 jeunes mais ce sont 23 qui ont été accompagnés. FONIJ a accompagné même les jeunes de Koba. En tout cas, il y a beaucoup de jeunes aujourd’hui qui sont dans notre base de données.
Accompagner est une chose, mais le suivi en est une autre. Chez vous, comment le suivi est-il fait ?
Comme vous le savez, le suivi est une activité continue. Parce qu’il y a le suivi et il y a l’évaluation, même s’il est périodique. Alors, ce suivi très souvent, des jeunes avec le projet démarrage, en réalité on les suit mais c’est qu’il y a un partenariat tripartite avec Afreeland banque qui a eu des problèmes un moment donné. Et donc, le suivi c’est entre eux et nous. Mais vous savez la culture africaine en générale et particulièrement guinéenne dans le domaine de remboursement des prêts, c’est vraiment un parcours du combattant. C’est vrai que vous allez suivre la majorité des jeunes, mais la majeure partie des cas, quand ils reçoivent des fonds, ils pensent que c’est l’État qui les a donnés. Pour eux, c’est plus politique que technique. C’est vrai il y en a qui sont en train de faire le remboursement, mais même si vous suivez, d’autres c’est un problème.
Parlez-nous en des institutions nationales et internationales qui vous accompagnent ?
Nous avons par exemple la Banque Centrale de la République de Guinée qui est notre partenaire sur certaines activités comme la « semaine mondiale de l’argent », où ces gens-là nous assistent techniquement. Ils viennent pour expliquer les produits de la BCRG, mais nous aider également à faire connaître la monnaie guinéenne aux enfants et adolescents. Nous faisons donc cette collaboration pour faire connaître cette monnaie aux gens, parce que jusque-là d’autres ne savent pas la différence entre le vrai billet le faux. Au-delà, parler de l’importance d’une banque par exemple aux femmes qui s’y trouvent dans les marchés et qui n’en savent pas. En plus de Banque Centrale de la République de Guinée, il y a des institutions internationales avec lesquelles nous travaillons également. C’est lorsque vous prenez par exemple l’OIM, qui ne nous donne pas forcément de l’argent mais qui nous appuie techniquement. Il y a avec eux le projet « Intégra » qui a même formé des cadres du FONIJ à travers une application sur « l’éducation financière ».
Il y a bien une équipe avant votre arrivée, mais aujourd’hui qu’est-ce qu’on peut retenir comme nouveauté au FONIJ ?
À date, il y a un nouveau souffle que je trouve pertinent. Aujourd’hui au FONIJ, c’est comme si nous sommes dans une structure privée. Rare des établissements publics qui vous disent ici que les gens doivent venir au travail, conformément aux principes. Tout le monde sait à quelle heure il faut être là. Donc, il faut déjà mentionner le respect de l’heure. C’est une rigueur à laquelle chacun s’est plié. Mais, il ne s’agit pas de venir à l’heure et s’asseoir au bureau. C’est de savoir ce que tu dois faire dans l’intervalle de 8h ou 8h30 à 15h ou 16h selon le règlement intérieur. Pour ça, il y a des fiches d’évaluation journalière qui sont élaborées, qui vérifient ce que chacun a pu faire pendant la journée. Cela emmène des gens à aller vers la notion de résultats. Ça c’est un changement en matière de management. Mais parlant des idées de projets, lorsque le Directeur est arrivé, il a appelé tous les services pour échanger, à l’issu desquels échanges, vingt-une (21) idées de projets ont été mises sur papier. Parmi ces projets, il y en a déjà cinq (5) qui sont complètement montés. Mais on ne se limite pas là, il faut qu’on aille vers les partenaires pour des financements afin de pouvoir avancer. Cela est également une nouveauté. M. le Directeur Général a pensé mettre en place une fédération des jeunes entrepreneurs. Cette fédération est composée de jeunes entrepreneurs qui ont réussi et qui sont amenés à faire avancer le FONIJ. C’est-à-dire, vous avez l’idée de projet dans un domaine quelconque, et vous avez quelqu’un dans cette fédération qui évolue dans ce domaine. On oriente donc ce dernier vers ce monsieur pour des conseils et formation. Il y en a tant de choses qui ont été mises en place et qui permettent au FONIJ d’aller de l’avant.
Vos perspectives ?
Nos perspectives d’aujourd’hui, c’est comment voir la représentativité du FONIJ à l’intérieur du pays. Au-delà, nous comptons mettre en place un centre d’informatique qui est déjà validé, qui nous permettra de recevoir les projets des jeunes en ligne, comme ça se passe à l’AGUIPE. Cette plateforme-là sera bientôt opérationnelle, où le FONIJ va recevoir les projets des jeunes à distance. La perspective qui est en vue, c’est par rapport au financement. C’est vrai on a tenté des expériences avec certaines banques mais, nous sommes en train de chercher d’autres avec lesquelles il faut ficeler un partenariat et d’autres structures financières qui peuvent nous aider dans ce sens. Surtout en faisant tout pour décentraliser avec celles (banques) de l’intérieur. Mais la plus importante des perspectives, c’est la formation pour plus de qualification des cadres Guinéens.
Votre mot de la fin au compte de cette interview ?
Mon dernier message ici, va consister à lancer un appel à tous les jeunes Guinéens, de consacrer leurs efforts en terme de recherche d’emploi, en s’orientant vers l’entrepreneuriat, car il n’y a pas mieux que ça. Il y a un penseur qui dit ‘’s’il y avait de reprendre la vie, qu’il n’allait plus demander à être dans la fonction publique’’. Alors, je les dirai que les portes du FONIJ sont grandement ouvertes. Même s’ils n’ont pas de projets, de venir avec les idées de projets, parce que nous sommes là pour les aider. D’un autre côté, si les autorités m’écoutent à travers vous, c’est d’orienter les moyens suffisants au FONIJ qui peuvent nous permettre de s’occuper des jeunes. Parce que, si nous nous s’occupons pas d’eux, c’est qu’il est évident que le contraire se produira.
Entretien réalisé par Lengo224.com