L’Afrique, un continent riche en ressources naturelles et potentiel économique, est souvent le théâtre de sommets internationaux entre ses chefs d’État et d’autres grandes puissances telles que la Russie, la France, le Canada, les États-Unis et la Chine. Ces sommets sont souvent présentés comme une opportunité pour l’Afrique de renforcer ses liens avec le reste du monde. Cependant, il est temps de reconsidérer ces relations et de mettre l’accent sur l’autonomie et l’indépendance économique de l’Afrique.
Au lieu de compter sur des promesses en l’air et des intérêts étrangers aussi fiables qu’un parapluie en papier, les chefs d’État africains devraient se retrousser les manches et construire une Afrique forte et prospère en mettant en place leurs propres politiques publiques et en développant leurs capacités productives. Les sommets Russie Afrique, France Afrique, Canada Afrique, USA Afrique, Chine Afrique, et bien d’autres, semblent avoir un dénominateur commun : des promesses qui s’envolent plus vite qu’un cerf-volant les jours de grand vent. Il est temps de réaliser que l’Afrique ne peut pas se développer pleinement si elle continue de se laisser guider par ces relations déséquilibrées.
Pour atteindre l’autonomie économique, il est essentiel de revoir le modèle économique de l’Afrique. Plutôt que de dépendre des exportations de matières premières et des relations commerciales avec les grandes puissances, l’Afrique doit investir dans la création de capacités productives sur son propre sol. La formation, la recherche et le développement, la protection intellectuelle et la construction de chaînes de valeur doivent devenir les priorités des politiques publiques africaines.
Pour parvenir à l’indépendance économique, les chefs d’État africains doivent encourager le commerce entre les pays du continent. Le potentiel économique de l’Afrique réside également dans ses partenaires africains. En favorisant le commerce entre pays africains, les entrepreneurs du continent pourront saisir de nouvelles opportunités et développer des partenariats solides.
Les chefs d’État africains doivent prendre conscience qu’ils ont le pouvoir de façonner l’avenir de leur continent. Ils doivent être les leaders qui défendent les intérêts de l’Afrique avant tout, plutôt que de se laisser influencer par les intérêts étrangers. En se positionnant en tant que leaders, ils peuvent façonner une Afrique indépendante et prospère.
Le Sommet Russie-Afrique, qui s’est tenu récemment et s’est conclu ce vendredi 28 juillet, a offert aux pays africains l’opportunité d’exprimer leur volonté de renforcer leur coopération avec la Russie dans divers domaines. Cependant, au-delà des discussions de coopération, cet événement a également été marqué par des tensions entre dirigeants africains.
Lors d’une table ronde réunissant les partenaires présents, le capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso a pris une position audacieuse en remettant en question le rapport de l’Afrique avec les grandes puissances, créant ainsi une situation inédite. « Je m’en vais m’excuser auprès des anciens que je pourrais vexer dans mes propos à venir. Les questions que nos générations se posent sont les suivantes : il s’agit de comprendre comment, avec tant de richesses sur notre sol, l’Afrique est aujourd’hui le continent le plus pauvre. Et comment se fait-il que nos chefs d’État traversent le monde à mendier ? Il faut que nous, chefs d’État africains, arrêtions de nous comporter en marionnettes qui dansent à chaque fois que les impérialistes tirent sur les ficelles », a déclaré le président de la Transition burkinabé.
Cette prise de parole audacieuse a suscité une réponse du président sénégalais, Macky Sall, qui a souligné la recherche d’un partenariat équilibré et respectueux entre les nations. « Pour répondre à notre jeune frère, notre cadet : les chefs d’État ne sont pas venus ici pour mendier. Nous n’allons pas ailleurs pour tendre la main. Nous travaillons pour un partenariat d’égale dignité entre les peuples. C’est le même discours qu’on tient à Dakar, ici à Saint-Pétersbourg, ou à Washington. Et ce combat transcende les générations », a rappelé Macky Sall.
Cette confrontation franche entre les deux présidents a captivé l’attention de tous les participants au sommet, mettant en évidence les divergences d’opinion parmi les dirigeants africains quant à leur relation avec les grandes puissances.
À la suite de cette prise de parole, le président du Sénégal, avec trois autres homologues, a choisi de boycotter la photo officielle où le capitaine Traoré apparaît en treillis à la droite de Vladimir Poutine, témoignant ainsi de la tension palpable lors de l’événement.
Cette situation illustre l’importance des discussions franches et ouvertes sur les relations internationales et souligne le besoin pour les dirigeants africains de réfléchir de manière indépendante sur la manière de façonner l’avenir du continent. Alors que les sommets internationaux peuvent offrir des opportunités de coopération, ils peuvent également servir de tribune pour exprimer les inquiétudes et les aspirations des nations africaines vers un partenariat équitable et respectueux avec le reste du monde.
En mettant l’accent sur l’autonomie économique, les politiques publiques africaines peuvent véritablement transformer l’Afrique en un continent fort, prospère et indépendant. Il est temps pour les chefs d’État africains de revoir leur approche des relations internationales en mettant l’accent sur l’autonomie économique de l’Afrique. Les sommets Russie Afrique, France Afrique, Canada Afrique, USA Afrique, Chine Afrique, et autres, ne devraient plus être considérés comme la solution.
Au contraire, les politiques publiques africaines devraient être orientées vers l’investissement dans les capacités productives du continent, le développement du commerce intra-africain et le positionnement en tant que leaders indépendants. En travaillant ensemble dans cette voie, les chefs d’État africains peuvent réellement bâtir un avenir prospère pour l’Afrique et ses citoyens.
Alors que l’Afrique lève le voile sur ses divergences avec les grandes puissances lors des sommets internationaux, la question demeure : pourra-t-elle désormais danser au rythme de sa propre musique et façonner son propre destin ?
En tout état de cause, le sommet Russie-Afrique a été l’occasion pour le capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso de marquer les esprits en remettant en question la relation de l’Afrique avec les grandes puissances et en appelant à une plus grande autonomie économique du continent. Cette prise de parole audacieuse a suscité des tensions, mais elle met en lumière l’importance pour les dirigeants africains de prendre en main leur destinée et de travailler ensemble pour un avenir prospère et indépendant de toute influence étrangère. Alors que l’Afrique s’ouvre sur de nouvelles perspectives, il est temps pour ses dirigeants de faire preuve de leadership et de déterminer leur propre avenir, sans danser sur la partition des présidents-fisabilillâh ?
Ousmane Boh Kaba