Une dizaine d’organisations – regroupant universitaires, avocats, organisations de femmes et de jeunes – appelle la population à manifester ce lundi 30 août à travers le pays. Elles accusent le président et le vice-président d’avoir plongé le pays dans le chaos.
Dix ans après son indépendance, le Soudan du Sud est l’un des pays les plus pauvres de la planète. 82% de la population vit sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale, malgré des réserves de pétrole et l’aide de la communauté internationale.
Principaux responsables : la guerre, l’insécurité, la corruption… et la rivalité entre deux hommes : le président Salva Kiir et son vice-président Riek Machar. « Quand ils gouvernent ensemble, rien ne bouge ! Ils ne sont d’accord sur rien. Et quand ils ne sont pas ensemble, ils se battent et sont responsables de souffrances, de destructions, et de nombreux décès de civils », se lamente Rajab Mohandis, de la Coalition du peuple pour l’Action civile. « Plusieurs accords de paix ont été signés entre les deux hommes, à chaque fois ils promettent de travailler ensemble, et à chaque fois ces accords sont oubliés. Leur désaccord remonte à la guerre d’indépendance et continue jusqu’à aujourd’hui », ajoute-t-il.
« De nombreux Sud-Soudanais pourraient diriger ce pays bien mieux qu’eux »
Trois ans après le dernier accord de paix signé en 2018 (et qui n’a toujours pas été entièrement mise en œuvre), la situation politique est à nouveau bloquée, déplore la société civile. Celle-ci accuse les deux dirigeants de faire passer leurs intérêts personnels avant le pays. « Le président Salva Kiir a tellement peur d’être délogé, qu’il passe son temps à essayer de se maintenir au pouvoir au détriment du pays. En plus, tous deux sont conscients que des crimes contre l’humanité ont été perpétrés, et que le jour où ils ne sont plus au pouvoir, ils pourraient être traduits en justice. De nombreux Sud-Soudanais pourraient diriger ce pays bien mieux qu’eux. Il est temps de changer ; car nos leaders ont échoué et nous ne pouvons plus continuer ainsi. »
Différentes organisations appellent donc à manifester pour exiger le départ des deux hommes. Une première.
Le gouvernement n’a pas réagi mais un porte-parole du chef de l’État a mis en garde contre ce qu’il qualifie de « déclaration de guerre ». Rappelant que l’accord de paix prévoit des élections en 2023.
rfi.fr