Huit mois après le coup d’État du général Abdel Fattah al-Burhan, des dizaines de milliers de personnes sont une nouvelle fois descendues dans les rues des grandes villes du Soudan, ce jeudi 30 juin, pour exiger le départ de la junte militaire. Dans la capitale, des foules immenses ont convergé en direction du palais présidentiel. Elles se sont heurté à un déploiement massif des forces de sécurité qui verrouillaient le centre-ville. La répression a fait au moins huit morts. Un bilan qui pourrait s’alourdir.
À partir de la matinée, toutes les communications ont été coupées au Soudan, à l’exception des appels internationaux. Tôt, les manifestants ont commencé à se rassembler quartier par quartier pour converger ensemble vers le palais présidentiel.
Plusieurs cortèges ont notamment réussi à franchir les ponts qui mènent au centre-ville de Khartoum, sur lesquels d’imposants containers avaient été déployés pour barrer le passable. Impossible d’évaluer le nombre de manifestants. Comme à chaque rassemblement, le réseau internet et téléphone étaient fortement perturbés.
Pour Hamid, venu de Barhi, un quartier nord de Khartoum, la mobilisation étaient importante.
Autour de moi, il y a beaucoup de drapeaux représentant les différents quartiers, beaucoup de gens de différents milieux, des hommes, des femmes, des enfants… Tout le monde est descendu dans la rue pour dire non aux militaires, pour qu’ils retournent dans leurs casernes. Le moral est plutôt bon, car la mobilisation est vraiment importante, plus que d’habitude. Et puis plus le temps passe, plus on sent que le régime militaire faiblit. Mais on est réaliste, on sait que la situation ne va pas changer en 24 heures. Aujourd’hui est un jour important mais ce n’est pas la fin de notre lutte.
Dans l’après-midi, des violences ont éclaté. Selon un syndicat de médecins, proche de la contestation, plusieurs manifestants ont été abattus par les forces de sécurité, qui ont également effectué des descentes dans des hôpitaux pour arrêter les manifestants blessés. La répression se poursuivait à la nuit tombée, même si les cortèges avaient commencé à se disperser.
Mercredi, l’émissaire des Nations unies au Soudan, ainsi que plusieurs ambassades, ont appelé les autorités à éviter la violence.
rfi.fr