Les autorités soudanaises ont fermé des ponts menant au centre de Khartoum, en prévision d’une manifestation contre l’armée, qui a suspendu la transition démocratique, au troisième anniversaire de la révolution ayant évincé Omar el-Béchir, a constaté dimanche un journaliste de l’AFP.
Le 19 décembre 2018, face au marasme économique dans lequel était plongé le Soudan, sous embargo international, des centaines de milliers de Soudanais étaient descendus dans la rue, forçant l’armée à démettre le dictateur quatre mois plus tard. Depuis, le pays tente de mener à bien sa transition démocratique mais le coup d’Etat militaire du 25 octobre du général Abdel Fattah al-Burhane a entrainé une nouvelle répression faisant 45 morts et des centaines de blessés.
Dans le centre de Khartoum dimanche matin, les rues étaient vides, la manifestation ne commençant que dans l’après-midi. Les magasins ont fermé leurs portes tandis que des forces de la police anti-émeute se sont déployées aux principaux carrefours.
Des blocs de béton ont été placés sur plusieurs ponts reliant le centre de la capitale aux banlieues d’Omdourman et de Bahri, à l’ouest et au nord de Khartoum. Des soldats armés dans des véhicules étaient également positionnés près des ponts avec des mitrailleuses placées sur certains d’entre eux. Toutes les routes entourant le quartier général de l’armée dans le centre-ville ont été fermées avec des véhicules armés, des barbelés et des barrières en béton.
Samedi, à la veille de cette manifestation à l’appel des organisations politiques et syndicales, le Premier ministre Abdallah Hamdok a mis en garde dans un discours aux Soudanais contre la « chute du pays dans l’abîme ». « Nous sommes confrontés aujourd’hui à une régression majeure dans la marche de notre révolution qui menace la sécurité, l’unité et la stabilité du pays et risque de mener l’Etat dans un abîme qui ne nous laissera ni patrie ni révolution », a déclaré M. Hamdok.
Depuis la coup d’Etat, l’armée a bien rétabli le Premier ministre civil, Abdallah Hamdok, et promis des élections libres en juillet 2023 mais n’a toujours pas formé de gouvernement. En face, les pro-civils accusent par ailleurs M. Hamdok de « trahison ».
Source: AFP