Pour la première fois depuis le coup d’Etat du 05 septembre 2021, les militaires au pouvoir, acceptent de discuter du chronogramme de la transition.
C’est de permettre aux Guinéens, perdus dans les dédales d’un pouvoir capricieux, d’avoir enfin une idée du temps qu’ils vont se donner…
A chaque menace de la CEDEAO, sa concession. Peut-on en déduire au détour de cette flexibilité étonnante vis-à-vis d’une classe politique qui ne comptait plus assez.
Celle qui était vue comme un adversaire impénitent prêchant pour sa chapelle et qui est accusée de consacrer des efforts énormes, comme toujours, que pour l’organisation des élections.
Du miroir aux alouettes pour éviter d’éventuelles sanctions de la CEDEAO qui pourrait fragiliser le pouvoir ! Peut-être ! Mais, c’est sans compter sur la prudence de l’organisation sous-régionale, qui a connu pareil avec d’autres régimes du genre et qui en a appris à ses dépens.
C’est aussi sans compter sur la prudence des politiques qui ne seraient plus fiers de leur soutien sans condition au coup d’État.
Quoi qu’il en soit, convenons-en que la junte fait un pas dans la bonne direction. C’est un cap symbolique qui a été franchi. On a donc officiellement une nomenclature des actions à mener durant la transition, qui sera soumise au débat.
Elle invite les acteurs politiques à s’y associer afin d’inscrire dans le temps la touffe d’actions ainsi énumérées.
Incontestablement, c’est ainsi leur reconnaitre le statut de partenaires indispensables. C’est le ministre de l’administration du territoire qui s’est chargé d’accomplir cette tâche en écrivant aux différentes coalitions y compris celles qui ont snobé la rencontre qui a décidé de cette initiative. Tant pis pour les partis qui ont décidé d’une marche solitaire pour des raisons de convenance évidente ou de conviction qui ne mute pas.
Cela suffit pour célébrer la concession, minime soit-elle, faite par des gens qui se sont montrés jusqu’ici intransigeants et trop rigides.
De la part des chefs qui affirment ne reculer devant rien, d’aller jusqu’au bout, c’est sans doute porteur d’espoir. De la part également de dirigeants qui ont accepté le contraire de ce qu’ils ont toujours fait prospérer, celui de soutenir que le débat sur l’agenda de la transition se discute au CNT et de considérer que les conseillers de cette institution sont suffisamment représentatifs des forces vives de la nation. Le fait pour le Premier Ministre d’être autorisé à rectifier cette position, est aussi en soit une concession.
La suite pour les partis politiques, c’est de rester sur la même dynamique. Mais ne pas verser dans l’excès et le triomphalisme risqueraient de radicaliser à nouveau les positions.
Mognouma